La Birmanie aurait sciemment ciblé la minorité musulmane des Rohingyas. C'est c'est qu'affirme ce lundi Zeid Ra'ad Al Hussein, le
Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme. Selon lui, la Birmanie aurait clairement "planifié" les attaques
violentes qui ont tué des milliers de personnes et contraint plus de 655 000
Rohingyas à trouver refuge au Bangladesh voisin. "Pour nous, c'était clair que ces opérations
avaient été organisées et planifiées", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein
dans une interview. "Vous ne pouvez pas exclure la possibilité d'actes de
génocide. Vous ne pouvez pas exclure que ça ait eu lieu ou que ça ait
lieu", a-t-il également dit.
Médecins sans frontières (MSF) a estimé la semaine dernière qu'au
moins 6700 Rohingyas avaient été tués entre fin août et fin
septembre au cours de la répression de l'armée birmane dans l'État Rakhine (ouest
de la Birmanie). Plus de 655 000 membres de cette minorité musulmane ont fui
les violences et se sont réfugiés dans le district de Cox's Bazar, dans le
sud-est du Bangladesh.
"Pourquoi s'en prendre à de petits enfants?"
Les autorités birmanes ont toujours démenti avoir commis des
atrocités dans le nord de l'État Rakhine, foyer des Rohingyas, en affirmant que
l'armée n'avait fait que répondre à des attaques de rebelles musulmans contre
des postes de police le 25 août, qui ont fait une douzaine de morts parmi les
policiers.
Mais Zeid Ra'ad Al Hussein a rappelé que l'an dernier, une flambée
de violence avait déjà forcé quelque 300 000 Rohingyas à fuir vers le
Bangladesh. Le Haut-commissariat, qui n'a pas été autorisé à se rendre sur
place, malgré de nombreuses demandes, a publié en février un rapport basé sur
les témoignages de réfugiés qui parlent "de crimes horribles, d'enfants
pourchassés et égorgés", a-t-il dit. "Je soupçonne que la première
opération était une répétition pour la deuxième", a-t-il estimé.
Des enfants Rohingya ont également été pris pour cible, selon le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme.
REUTERS/Marko Djurica
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Il ne croit pas à la thèse de la répression contre des rebelles.
Il a ainsi souligné que selon de nombreux rapports, les civils ont été
clairement ciblés. "Pourquoi s'en prendre à un petit-enfant si votre cible
est un insurgé?" a-t-il demandé.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a toutefois
souligné que ce sera aux tribunaux de déterminer si oui ou non il y a eu
génocide, mais "nous ne pensons pas que vous puissiez l'exclure et écarter
cette possibilité."
Interrogé sur le niveau de responsabilité de la dirigeante birmane
et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, il a estimé que ce sera là aussi
aux tribunaux de trancher. "Il existe aussi le crime d'omission: si vous
étiez totalement au courant que ces développements se déroulaient et que vous
n'avez rien fait pour y mettre un terme, vous pourriez être tenu pour
responsable".
LEXPRESS.fr avec AFP ,
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