Washington resserre un peu plus l’étau sur le régime de Kim Jong-un en plaçant à nouveau la Corée du Nord parmi les États considérés comme soutenant le terrorisme. Si Tokyo salue cette décision, Séoul montre plus de retenue.

Donald Trump a annoncé le 20 novembre qu’il replaçait la République démocratique populaire de Corée parmi les États soutenant le terrorisme. Le président américain entend ainsi augmenter la pression exercée sur Pyongyang afin que celui-ci mette fin à son programme nucléaire, une intention moult fois répétée lors de son récent voyage en Asie. Par ce geste, Washington veut dissuader les pays tiers et autres entités financières d’entretenir des relations avec le régime nord-coréen.
La Corée du Nord avait été portée sur cette liste noire en 1988, puis en avait été retirée en 2008 sur la décision du gouvernement de George W. Bush qui souhaitait faciliter la négociation restée cependant infructueuse par la suite.
La dernière décision américaine intervient alors que les relations entre Pékin, principal allié du régime nord-coréen, et Pyongyang semblent être au point mort. “Un émissaire de Pékin vient de revenir de Pyongyang sans résultat apparent. Le contenu des échanges n’a pas été communiqué par le gouvernement chinois”,relate le quotidien japonais Nihon Keizai Shimbun. “Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aurait même refusé de rencontrer l’envoyé de Pékin, un signe supplémentaire du refroidissement entre les deux alliés historiques”, selon le journal sud-coréen Korea Times.

Des dates “à risques” en décembre

Le retour de la Corée du Nord parmi la liste des États soutenant le terrorisme a été salué par le Premier ministre japonais Shinzo Abe, et plus particulièrement par les proches des victimes japonais qui ont fait l’objet de kidnapping par les services secrets nord-coréens dans les années 1970.
Mais plusieurs analystes, entre autres cités par le quotidien singapourien Straits Times, pointent du doigt le fait que cette annonce risque d’accroître les tensions, alors même que Pyongyang s’était gardé de réitérer ses provocations militaires depuis septembre. “Le régime nord-coréen risque de riposter à cette nouvelle [prochainement]”, écrit le grand quotidien de TokyoAsahi Shimbun. D’autant plus que “plusieurs dates à risques, comme la commémoration de la mort de Kim Jong-il (le père du dirigeant actuel) sont à venir en décembre”, pendant lesquelles la Corée du Nord pourrait procéder à des démonstrations de force. Les essais nucléaires et balistiques sont en effet régulièrement pratiqués par Pyongyang en guise de “célébrations” de dates anniversaires pour le régime.
“Le gouvernement sud-coréen, qui penche quant à lui pour davantage de dialogue avec la Corée du Nord, a réagi à la nouvelle avec plus de circonspection”, relate le quotidien sud-coréen JoongAn Ilbo. Le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a ainsi usé d’un vocabulaire légèrement ambigu dans un communiqué : “Nous attendons que cette inscription sur la liste contribue à une dénucléarisation pacifique de la péninsule”, dit le ministère, sans se féliciter explicitement.
Ysana Takino