La police de République démocratique du Congo a interdit les rassemblements prévus par l'opposition lundi 10 avril 2017 à Kinshasa et dans l'ensemble du pays. Cet appel à manifester intervient après la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre par le président Kabila.
La
situation était calme ce lundi matin dans les grandes villes de République
démocratique du Congo, selon les observateurs et les tweets publiés dès les
premières heures, la capitale Kinshasa ressemblait à une ville fantôme, alors
que l'opposition a lancé un appel à manifester contre le président Kabila.
Dans la capitale, on pouvait observer une forte présence des forces de l'ordre,
qui depuis les premières heures de la matinée multiplient les patrouilles,
dispersant quelques groupes isolés.

"La marche (prévue ce lundi 10 avril 2017 NDLR) est interdite (car) son
itinéraire comporte les germes de l'insurrection", a déclaré à l'AFP le
colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police congolaise, qui a
précisé que cette interdiction concernait l'ensemble du territoire de RDC.
Tout attroupement
de plus de dix personnes sera disperséporte-parole de la police
Cet appel à manifester a été lancé par l'Union pour la
démocratie et le progrès social (UDPS), le parti fondé par l'opposant congolais
historique, Étienne Tshisekedi, décédé le 1er février à Bruxelles à 84 ans.
Dimanche 9 avril 2017, son fils, Félix Tshisekedi,
président du Rassemblement - coalition d'opposition constituée en juillet
dernier autour d'Étienne Tshisekedi - a accusé le président congolais Joseph
Kabila d'être le "principal obstacle au processus démocratique" dans
ce pays qui traverse une grave crise politique.
Joseph Kabila "a
délibérément pris parti de multiplier en ce moment pourtant critique des
manoeuvres politiciennes qui enfoncent davantage la RDC dans le chaos",
a lancé à la presse Félix Tshisekedi.
"
Joseph Kabila s'érige désormais en principal obstacle au processus
démocratique, faisant de notre pays une zone instable et une menace pour la
paix et la sécurité internationale", a-t-il ajouté, en
présence de ses pairs du Rassemblement.
Félix Tshisekedi quitte le pays
Après avoir fait ces déclarations, Félix Tshisekedi a
quitté la capitale Kinshasa à destination de la capitale éthiopienne Addis
Abeba, a-t-on appris de source aéroportuaire.
A Kinshasa, les organisateurs de la marche - UDPS et
Rassemblement - ont indiqué qu'ils comptaient marcher jusqu'au palais
présidentiel.
La déclaration de Félix Tshisekedi intervient deux jours
après la nomination de Bruno Tshibala, un dissident de l'UDPS et du
Rassemblement, au poste du Premier ministre par le président Kabila.
Cette décision découle d'un accord de cogestion de la
transition, conclu le 31 décembre 2016 entre l'opposition et la majorité, pour
tenter de sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de
Joseph Kabila après le 20 décembre 2016, fin de son deuxième et dernier mandat
constitutionnel.
Porte-parole du Rassemblement, Bruno Tshibala avait
contesté la légitimité du fils Tshisekedi à la tête de l'opposition après la
mort de son père et a été exclu fin février du Rassemblement et de l'UDPS, dont
il était l'un des principaux dirigeants.
La nomination de Bruno Tshibala est "une conséquence
des tripatouillages du pouvoir" faites "au mépris de la lettre et de
l'esprit de l'accord du 31 décembre", a encore fustigé dimanche Félix
Tshisekedi.
La désignation de M. Tshibala illustre "le cynisme de
Joseph Kabila et son irrespect du peuple congolais", a commenté de son
côté dans un communiqué l'opposant congolais en exil Moïse Katumbi.
"J'appelle les Congolais et la communauté internationale à ne pas
reconnaître le gouvernement du nouveau Premier ministre", a exhorté
l'opposant.
Des sources gouvernementales et au sein de la majorité
interrogées par l'AFP ont au contraire martelé que cette nomination respectait
bien l'accord de la Saint-Sylvestre.
L'ONU prend acte, l'UE inquiète
Dans un communiqué, le chef de la Mission de l'ONU en RDC,
Maman Sidikou, a dit avoir pris "acte" de la nomination de Bruno
Tshibala. il "souligne la lourde responsabilité qui incombe à l'ensemble
des acteurs politiques congolais en cette phase critique de l'histoire de leur
pays".
De son côté, la représentation de l'Union européenne en
RDC a fait part de son "inquiétude", estimant que la désignation de
Bruno Tshibala avait été faite "contrairement à la lettre et à l’esprit de
l’accord du 31 décembre 2016".
État continent au cœur de l'Afrique dévasté par deux
guerres entre 1996 et 2003, la RDC n'a connu aucune transition démocratique du
pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
10 avr 2017
Mise à jour 10.04.2017 à 15:01
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