L’Allemagne est en passe de présenter des excuses
officielles à la Namibie pour le génocide des Héréros et des Namas perpétré
entre 1904 et 1908. Alors que s’est-il passé pendant ces quatre années dans la
colonie du Sud-Ouest africain allemand? Tout commence en janvier 1904. Face aux
exactions des colons qui mènent une politique raciste, les Héréros prennent les
armes et tuent 123 Allemands.
Le général Lothar Von Trotha est chargé de mater la rébellion.
A l’aube du 11 août 1904, les troupes coloniales encerclent le campement du
Waterberg où 50.000 Héréros se sont réfugiés. Personne ne sera épargné.
Ceux qui arrivent à s’échapper prennent la direction du désert du Omaheke
(Kalahari). Beaucoup meurent déshydratés ou empoisonnés. Les points d’eau ont
été contaminés par les colons.
Le 2 octobre 1904, le général von Trotha va plus loin: il signe un ordre
d’extermination.
Dans le sud du pays, les Namas se soulèvent en réaction au massacre des
Héréros. Ils sont condamnés au même sort le 23 avril 1905.
Après la guerre, le calvaire des Héréros et des Namas se poursuit dans des
camps de concentration. Emprisonnés, ils sont réquisitionnés comme main
d’œuvre. La faim et l’épuisement auront raison de la plupart d’entre eux. Au
total, environ 65.000 Héréros et 10.000 Namas sont exterminés, soit
respectivement 75% et 50% de la population d’origine de chaque tribu.
Ce génocide s’accompagne de macabres expériences médicales. Dans les camps de
concentration, démantelés en 1908, les crânes des dépouilles sont prélevés et
expédiés en Allemagne. Leur étude servira à nourrir les théories raciales qui y
sont en vogue.
L’une d’elle est développée par Eugène Fisher qui adhère au parti nazi en 1940.
Ce dernier sera le professeur de Josef Mengele, «l’ange de la mort» du camp de
concentration d’Auschwitz. C’est l’un des nombreux liens qui peuvent être faits
entre le génocide des Héréros et l’Holocauste. Cependant, la filiation entre
ces deux génocides fait l’objet d’un débat complexe. Le génocide méconnu des
Héréros et des Namas est officiellement reconnu en juillet 2015 par
l’Allemagne.
Que de chemin parcouru dans la reconnaissance d’un crime de masse, documenté
pour la première fois dans le Blue Book en 1918 par les Britanniques. Mais le livre
est banni en 1926. Il faudra attendre le
rapport Whitaker, publié par les Nations Unies en 1985, pour que le premier
génocide du XXe siècle sorte définitivement des oubliettes.
Aujourd’hui, reste à régler la question de
la réparation (l’indemnisation), cruciale pour les descendants des
victimes.
Par
Jacques Deveaux
le
06/02/2017 à 17H35
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