Au Cambodge, un titre honorifique qualifiant de
« suprême » le Premier ministre Hun Sen, aux manettes depuis plus de
trente ans, devra être désormais systématiquement utilisé par les
médias, sous peine de représailles.
Au Cambodge, les médias sont
dorénavant priés d'écrire le titre complet du Premier ministre Hun Sen à
chaque fois qu'ils parlent de lui. Un titre honorifique, simple et
passe-partout : « Glorieux, suprême Premier ministre et puissant commandant ».
« Le ministère a remarqué que des médias oubliaient d'utiliser le titre » de rigueur, met en garde une lettre du ministère de l'Information distribuée à la presse. Ce titre royal se doit d'être donné « aux grands chefs de la Nation »,
souligne le ministère, qui a lancé ce rappel plusieurs fois ces
dernières années. Phos Sovan, directeur du ministère de l'Information, a
menacé les médias récalcitrants d'un retrait de licences et d'autres « actions » non spécifiées.
Pour Sophie Boisseau du Rocher, cette nouvelle lubie prouve encore
une fois que le Premier ministre cambodgien veut toujours plus
concentrer le pouvoir entre ses mains et celle de sa famille. « C’est simplement l’étape ultime dans l’occupation du pouvoir par Hun Sen, explique cette chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste de l'Asie du Sud-Est. C’est
une étape très symbolique puisque les titres au Cambodge sont réservés
aux personnes généralement de sang royal. Il y a effectivement
l’occupation du pouvoir à l’instar d’un dieu-roi ».
Dynastie politique
« En outre, poursuit Soiphie Boisseau du Rocher, Hun Sen
cherche à mettre en place une dynastie politique. Cela fait longtemps
qu’il le fait en plaçant de façon opportuniste ses différents enfants :
ses trois fils sont dans l’armée, dans la police, dans le parti où ils
ont évidemment des postes importants. Il y a là l’occupation de
l’espace politique par un clan qui verrouille le système. Et
l’opposition est évidemment verrouillée ».
Pour la chercheuse, « on peut légitimement s’inquiéter de ce
nouveau caprice de Hun Sen, qui n’est malheureusement pas un caprice,
mais une stratégie politique pour véritablement installer une dynastie
politique autoritaire à la tête du Cambodge ». A l'approche des élections de 2018, l'autoritaire Premier ministre Hun Sen tente
de rajeunir et d'adoucir son image sur les réseaux sociaux. Mais en
mars, un étudiant cambodgien a été condamné à un an et demi de prison
pour avoir lancé sur Facebook un appel à une révolution contre lui.
(Avec AFP)
Par RFI
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