Pékin
(AFP) - Kim Jong a été reçu mardi à Pékin par le président chinois Xi
Jinping, une semaine après la rencontre historique entre le dirigeant
nord-coréen et le président américain Donald Trump.
La
télévision chinoise a diffusé des images de la rencontre entre les deux
dirigeants accompagnés de leurs épouses lors d'une cérémonie d'accueil
au rituel immuable dans le cadre solennel du Palais du peuple.
Cette
visite non annoncée à l'avance survient alors que Pékin est engagé dans
une vive escalade avec le même Donald Trump à propos du différend
commercial sino-américain, escalade qui a fait baisser mardi les places
boursières mondiales.
Alors
que le gouvernement chinois attendait habituellement que M. Kim soit
rentré dans son pays pour officialiser sa visite, Pékin a cette fois
annoncé sa présence mardi -- sans pour autant en révéler le programme.
Il
s'agit de la troisième visite en Chine du dirigeant nord-coréen en
moins de trois mois. Fin mars, il avait effectué dans la capitale
chinoise son premier déplacement à l'étranger depuis son arrivée au
pouvoir fin 2011, avant un deuxième voyage en mai dans la ville
portuaire de Dalian, dans le nord-est de la Chine.
Il
s'était à cette occasion entretenu avec Xi Jinping. Les deux hommes ne
s'étaient auparavant jamais rencontrés depuis leurs arrivées au pouvoir
respectives au début de la décennie. Pyongyang reprochait à son allié
d'appliquer les sanctions internationales destinées à convaincre la
Corée du Nord d'abandonner son programme nucléaire.
L'homme
fort de Pyongyang cherche à obtenir un assouplissement des sanctions
économiques en échange de ses promesses de dénucléarisation et espère le
soutien de la Chine dans cette démarche.
- 'Le moment venu' -
La
diplomatie chinoise, à l'instar de la Russie, avait suggéré la semaine
dernière que les Nations unies pourraient envisager d'alléger les
sanctions si Pyongyang se conformait à ses obligations.
La
Chine, principale alliée de la Corée du Nord depuis la guerre de Corée
(1950-53), a fait clairement savoir qu'elle voulait un rôle prépondérant
dans les négociations, présentant avec insistance ses offres de
services diplomatiques. Comme un symbole de l'influence de Pékin, M. Kim
est même arrivé au sommet de Singapour à bord d'un avion d'Air China.
Cette
rencontre historique entre Donald Trump et Kim Jong Un a débouché sur
une déclaration dans laquelle le dirigeant nord-coréen réaffirmait "son
engagement ferme et inébranlable envers la dénucléarisation de la
péninsule" coréenne.
Le
secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a exclu cependant qu'en échange
les sanctions économiques drastiques imposées au Nord au fil de ses
essais nucléaires et balistiques soient levées avant une
dénucléarisation complète.
Depuis
son arrivée au pouvoir début 2017, Donald Trump a appelé la Chine à
appliquer les sanctions de l'ONU pour faire plier Pyongyang, mais les
deux pays sont à présent au bord de la guerre commerciale, Pékin ayant
dénoncé mardi le "chantage" de Washington, qui a menacé de taxer des
dizaines de milliards de dollars d'importations chinoises.
- Marche à suivre -
La
priorité de Xi Jinping et de Kim Jong Un est désormais de décider de la
marche à suivre, estime Hua Po, un analyste politique indépendant basé
dans la capitale chinoise.
"Il
peut y avoir des divergences entre la Corée du Nord et les États-Unis
sur le processus de dénucléarisation, car les États-Unis veulent une
dénucléarisation irréversible et vérifiable. Il est difficile pour Kim
Jong Un d'accepter cela", a déclaré M. Hua à l'AFP.
"Par
conséquent, la Chine et la Corée du Nord veulent renforcer leur
communication et élaborer une stratégie globale dans leur relation avec
les États-Unis", a-t-il ajouté.
Si
la Chine a constamment appelé son petit voisin à abandonner ses projets
nucléaires et balistiques, elle a aussi appelé au dialogue à l'époque
où Nord-Coréens et Américains échangeaient des menaces d'anéantissement
mutuelles.
Pékin
avait proposé l'an dernier la suspension du programme nucléaire
nord-coréen en échange de la fin des manoeuvres militaires conjointes
américano-sud-coréennes, une concession que Donald Trump a finalement
accordée la semaine dernière, ajoutant même que les troupes américaines
présentes en Corée du Sud pourraient à terme quitter le pays.
Becky Davis, Patrick BAERT
19 juin 2018 AFP
19 juin 2018 AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire