
Leur
arrestation avait suscité une vague de critiques à l’étranger, il y a plusieurs
mois. Le procès de onze militants des
droits de l’Homme s’ouvre mercredi 25 octobre en Turquie. Huit des accusés
sont toujours en détention, dont Idil Eser, directrice d’Amnesty International (AI) en Turquie, et Taner Kiliç, président de l’ONG dans le pays,
ainsi qu’un ressortissant allemand et un suédois.
Arrêté en juin et soupçonné de liens avec le putsch manqué
du 15 juillet 2016 imputé par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen,
M. Kiliç est poursuivi pour « appartenance
à une organisation terroriste armée ».
Soupçonnés d’« aide à une
organisation terroriste armée »,
les dix autres accusés ont été arrêtés en juillet lors d’un atelier
de formation qui se tenait sur
l’île de Büyükada, au large d’Istanbul. Ils risquent jusqu’à 15 ans de prison
s’ils sont jugés coupables.
Selon l’acte d’accusation, ces militants ont voulu créer
du « chaos »
dans la société pour favoriser
des manifestations anti-gouvernementales et ont aidé pas moins de trois « organisations terroristes » :
le mouvement du prédicateur Gülen, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)
et un groupuscule d’extrême gauche appelé DHKP-C.
Pour Andrew Gardner, chercheur pour AI en Turquie, il
s’agit de « poursuites
complètement infondées qui ne reposent sur aucune preuve et ne résistent pas au
moindre examen ». « Cette
affaire est un test pour la justice
turque », poursuit-il dans des déclarations à l’Agence France presse (AFP).
Des poursuites motivées par des
« considérations politiques »
L’arrestation des militants et leur renvoi en justice ont
renforcé les craintes liées aux atteintes aux libertés en Turquie depuis la
tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, suivie de purges massives au
cours desquelles plus de 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de
140 000 limogées ou suspendues.
Lire aussi : Nouveau
limogeage massif en Turquie en représailles du coup d’Etat manqué de 2016
« Dès
leur placement en détention, il a été clair qu’il s’agissait de poursuites
motivées par des considérations politiques, destinées à faire taire les
voix critiques en Turquie », a déclaré John Dalhuisen,
directeur du programme Europe d’AI
dans un communiqué. « Si la
justice peut être
contournée par le biais d’une fiction dystopique tirée d’allégations absurdes
et sans fondement, ce sera un jour sombre pour la justice turque et un triste
présage pour l’avenir des droits humains dans le pays. »
M. Kiliç est notamment soupçonné d’avoir utilisé
l’application de messagerie cryptée ByLock, que les autorités considèrent comme
l’outil de communication privilégié des putschistes. Mais Amnesty affirme que
deux expertises indépendantes de son téléphone, mandatées par l’ONG, n’ont
révélé aucune trace d’un téléchargement de l’application.
Le soutien d’Edward Snowden
Amnesty a partagé lundi sur les réseaux sociaux une vidéo
postée par Edward Snowden, lanceur
d’alerte américain qui a révélé l’ampleur de la surveillance électronique par
la NSA, dans laquelle il apporte son soutien aux militants emprisonnés,
affirmant qu’ils sont détenus « pour
avoir
défendu les droits de l’Homme ».
« Je
sais ce que c’est de recevoir du
soutien de l’extérieur quand on est seul, quand on en a le plus besoin »,
déclare-t-il, appelant à une mobilisation pour « les défenseurs des droits de l’Homme en Turquie ».
Le Monde.fr avec AFP |
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