C’est un formidable bras d’honneur que l’Union européenne
et le Japon, qui représentent à eux deux un tiers de l’économie mondiale, ont
adressé aux États-Unis de Donald Trump. En annonçant, jeudi, à la veille du G20
de Hambourg, la
conclusion de leur « accord de partenariat économique », Bruxelles et Tokyo
ont voulu montrer qu’ils refusaient de se laisser entrainer dans
l’isolationnisme américain.
«
Nous envoyons ensemble un signal fort au monde en faveur d’un commerce ouvert
et équitable », s’est réjoui hier, lors d’une conférence de presse
organisée à l’issue du sommet UE-Japon, Jean-Claude Juncker, le président de la
Commission : « pour nous, il n’y
a pas de protection dans le protectionnisme ». « Nous avons été capables de
manifester une forte volonté politique afin que l’UE et le Japon hissent haut
le drapeau du libre-échange », a surenchéri Shinzo Abe, le Premier
ministre japonais.
« Encore une
fois, merci Trump ! », s’amuse un diplomate européen : « le Japon, grande puissance exportatrice,
a senti le vent du boulet avec son élection et a plus concédé en six mois qu’en
15 ans pour parvenir à cet accord ». De fait, dès le lendemain de
l’élection du Républicain et de l’annonce de la sortie des États-Unis du TPP
(accord de libre-échange transpacifique voulu par Barack Obama), le Japon,
sixième partenaire commercial de l’Union et dont les entreprises emploient
500.000 personnes sur le vieux continent, a fait savoir aux Européens, leur
troisième partenaire commercial, qu’il voulait conclure au plus vite l’accord
commercial de nouvelle génération (car il touche aussi à l’harmonisation de
certaines normes, par exemple dans le domaine automobile) qui végétait depuis
2013. Il craignait que Washington n’entraine le monde dans un cycle
protectionniste qui aurait particulièrement fait souffrir l’archipel et que
Pékin, avec qui les relations sont toujours houleuses, ne prennent le
leadership du commerce mondial et donc fixe les normes du capitalisme du XXIe
siècle. Lors du sommet du G7, à Taormina, en Sicile, en mai dernier, au cours
duquel les Etats-Unis ont confirmé leur désintérêt pour le libre échange, les
deux parties ont convenu de conclure avant le sommet du G20.
L’Union en a profité pour obtenir davantage qu’elles n’en
rêvaient, notamment dans le domaine agro-alimentaire, le Japon étant déjà le
quatrième plus gros importateur de produits européens (porc, vin, cidre,
vinaigre, fromage et spiritueux). L’Irlandais Phil Hogan, le commissaire à
l’agriculture, ne cachait d’ailleurs pas sa joie. Ainsi, la plupart des droits
de douane vont diminuer ou disparaître sur tous les produits (à l’exception du
riz), soit dès l’entrée en vigueur de l’accord (alcool), soit après une période
de 10 à 15 ans (porc, bœuf, fromage, produits transformés, etc.). Pour donner
une idée des concessions japonaises, il faut savoir que les fromages sont
frappés d’une taxe de 29,8%, le bœuf de 38,5 %, le vin de 15 %, etc. De même,
l’Union a obtenu la reconnaissance de plus de 200 AOC (appellation d’origine
contrôlée) européenne, ce qui signifie qu’à terme la Nouvelle-Zélande, par
exemple, ne pourra plus exporter au Japon sa « féta » locale…
Mieux, « pour la première fois, nous avons obtenu l’ouverture
des marchés publics au niveau local ou encore celle du marché ferroviaire », se
réjouit un diplomate français. La principale concession de l’Union est la
suppression de la taxe de 10 % (au bout de 7 ans) qui frappe encore les
automobiles japonaises importées et l’ouverture immédiate du marché des pièces
détachées. Une mauvaise nouvelle ? On rappelle à Bruxelles que l’accord de
libre-échange conclu en 2011 avec la Corée du Sud a permis, contrairement à
toutes les craintes, la transformation d’un déficit commercial chronique en
excédent commercial : ainsi, les ventes de voitures européennes ont été
multipliées par cinq.
A Bruxelles, on estime que les reproches adressés par les ONG
ou la gauche radicale à l’accord avec Tokyo ne tiennent pas la route : «
l’accuser de menacer l’environnement, alors que le Japon est l’un des pays les
sensibles à cette question, est juste délirant », dénonce ainsi un diplomate
européen. De même, la Commission estime qu’on ne peut pas lui reprocher d’avoir
négocié en secret : ce sont la France, la Bulgarie, la Slovénie et la Slovaquie
qui ont refuséla
demande, soutenue par l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande ou encore le
Benelux, de la Suédoise Cecilia Malmström, la commissaire au commerce, de
rendre public le mandat de négociation…
Mais l’accord annoncé hier ne sera pas finalisé avant la
fin de l’année. Tokyo et Bruxelles ne se sont notamment toujours pas entendus
sur la question du règlement des différents entre États et investisseurs. Le
premier souhaite un tribunal arbitral privé (et siégeant en secret) tel qu’il
existe dans les milliers d’accords déjà conclus à travers le monde, alors que
la seconde veut un tribunal permanent à double degré de juridiction siégeant en
public sur le modèle de celui qui a été introduit dans le CETA, l’accord
commercial avec le Canada.
La stratégie d’encerclement
des Etats-Unis ne va pas s’arrêter au Japon: après Singapour, la Corée du Sud
ou encore le Canada, d’autres accords sont en négociation avec le Mercosur, le
Mexique (modernisation de l’accord de 2001), l’Indonésie ou la Birmanie. De
même, un accord limité à la protection des investissements est en cours de
discussion avec la Chine. Suivront ensuite l’Australie et la
Nouvelle-Zélande... La vague isolationniste annoncée par l’élection de Trump
pourrait bien se terminer en vaguelette.
Jean
Quatremer 6 juillet 2017
បួនខែត្តខ្មែរ+លាវ+យួន=បញ្ចូល៤៤លានយួន..គំរោងការហូយិមិញ?..គ្រោះថ្នាក់របស់ខ្មែរជាងគ្រោះថ្នាក់សម្មទានដី.៩៩ឆ្នាំ?ខ្មែរ&លាវ..យួនត្រួតក្បាលជឿថាមិនដូច......
RépondreSupprimerកម្ពុជាក្រោម?.