© AFP PHOTO/KCNA VIA KNS | Le dirigeant nord-coréen Kim
Jung-un célèbre le lancement réussi du missile Haewong-14.
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D’une
opération militaire à l’assassinat de Kim Jong-un, les États-Unis disposent
d'un arsenal d’options pour répliquer au lancement, le 4 juillet, du missile
nord-coréen qui pourrait frapper le sol américain. Mais aucune ne semble
satisfaisante.
La réaction sera “sévère”. Le président américain Donald
Trump a promis, jeudi 6 juillet, de faire preuve d’une grande fermeté à l’égard
de la Corée du Nord, deux jours après le lancement d’un
nouveau missile nord-coréen. Présenté comme intercontinental, il pourrait,
en théorie, frapper le sol américain en Alaska.
Mais Donald Trump est resté très vague sur les contours
d’une éventuelle riposte américaine. Il a même affirmé que sa menace ne
signifiait pas forcément un passage à l'acte.
Une position floue qui s’explique par l’absence d’options
efficaces à disposition des États-Unis pour contrer la Corée du Nord.
La
riposte militaire. Les États-Unis ne l’excluent pas.
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a précisé devant le Conseil de
sécurité, que “c’était
une option“. Washington et Séoul avaient même procédé, mercredi 5 juillet,
à des simulations d’attaques contre la Corée du Nord.
Mais une offensive internationale approuvée par l'ONU
semble peu crédible. La Russie et la Chine, deux membres permanents du Conseil
de sécurité, ont mis en garde contre une telle option. Ces deux pays
utiliseraient très certainement leur droit de veto contre tout projet de
résolution en ce sens.
Une opération militaire unilatérale des États-Unis n’est
pas plus prometteuse. “Les options militaires existent, mais la vraie question
est de savoir quelle serait la réaction nord-coréenne”, a expliqué
Mike Mullen, chef de l’État-major américain sous Barack Obama, interrogé
par le Financial Times. Le caractère imprévisible du régime nord-coréen rend
toute option militaire très risquée. Pyongyang pourrait décider, par exemple,
d'utiliser l’arme nucléaire contre son voisin du Sud au moindre mouvement de
l'armée américaine - qui dispose de près de 30 000 soldats en Corée du Sud,
estime-t-il.
La
pression chinoise. C’était le plan A de Donald Trump. Le
président américain aurait voulu que Pékin fasse pression pour pousser la Corée
du Nord à abandonner son programme nucléaire en menaçant de lui couper les
vivres ou l’approvisionnement en carburant.
Erreur. La Chine “craint que des sanctions trop dures
déstabilisent la Corée du Nord et entraînent le chaos dans le pays, ce qui se
traduirait par un afflux de réfugiés et, potentiellement, une Corée du Sud qui
absorbe son voisin du Nord”, explique le New York Times.
Frustré, Donald Trump a changé de ton avec Pékin et a pris
plusieurs décisions - vente
d’armes à Taïwan et sanctions contre une banque chinoise - qui ont accru la
tension diplomatique mondiale.
Les
sanctions économiques. C’est la solution par défaut qui semble
se dessiner à l’horizon. Nikki Haley a assuré que les États-Unis allaient
présenter un projet de résolution à l’ONU pour appeler à renforcer l’arsenal de
sanctions contre Pyongyang. Washington a même laissé entendre qu’il se réservait
la possibilité de cibler les entreprises et pays qui ont des relations avec la
Corée du Nord. Une mise en garde qui ne devrait pas plaire à la Chine ou encore
l’Iran.
Mais les sanctions n’ont jamais fragilisé le régime
nord-coréen jusqu’à présent. “Les Nord-Coréens ont démontré une résistance
unique à la souffrance. La grande famine des années 1990 n’a pas ébranlé le
pouvoir et, paradoxalement, a engendré un désir accru au sein de la population
de partir en guerre contre les États-Unis”, rappelle l’éditorialiste Max
Fischer dans le New York Times.
Dialoguer
avec Kim Jong-un. Le candidat Donald Trump avait affirmé, en
mai 2016, qu’il était
prêt à dialoguer avec le leader nord-coréen. Un groupe d’experts en
nucléaire, sous la bannière de l’ONG Global Zero, a également assuré,
en juin 2017, que la diplomatie était le seul moyen de limiter les dégâts.
D'ailleurs, les Américains ont déjà obtenu des résultats
dans ce domaine. En 1994, ils ont signé avec la Corée du Nord un accord au
terme duquel Pyongyang mettait son programme nucléaire entre parenthèses en
échange d’une aide humanitaire.
Mais le régime nord-coréen est revenu sur son engagement
en 2002, lorsque le spectre de la grande famine s’est éloigné. Les rares
efforts diplomatiques américains entrepris par la suite n'ont pas porté leurs
fruits.
La Corée du Nord n’est plus dans un état économique aussi
désespéré que dans les années 1990 et les possibles concessions américaines -
la réduction de la présence militaire américaine dans la région, la fin de
certaines sanctions, la reconnaissance de la légitimité du régime - semblent
politiquement inacceptables.
Assassiner
Kim Jong-un. La tentation d’éliminer une bonne fois pour toutes
un dirigeant ennemi a toujours existé. Mais les ratés passés des Américains en
la matière - les multiples tentatives contre Fidel Castro et l’échec de
l’opération contre Saddam Hussein lors de l’invasion de l’Irak en 2003 - ont
montré que l’assassinat d’un homme d’État était risqué.
D’autant plus que la nature
très secrète du régime nord-coréen et son mode de fonctionnement en
quasi-autarcie rend la collecte d’informations fiables particulièrement
difficile. En 2008, les États-Unis ont reconnu ne pas avoir su pendant des mois
si Kim Jong-il, le père de Kim Jong-un, qui avait disparu des radars, était
vivant ou mort.
Sébastian SEIBT
Dernière modification : 06/07/2017
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