La
Corée du Nord affirme ce lundi avoir testé avec succès un nouveau type de
missile. Selon des experts américains, l'engin est doté d'une portée sans
précédent, susceptible d'atteindre les bases américaines du Pacifique. Le
Japon et les Etats-Unis
ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui pourrait
se tenir mardi 16 mai.
Avec ce tir largement condamné par la communauté
internationale, Pyongyang a testé dimanche 14 mai "un nouveau modèle de
missile balistique stratégique" de portée "moyenne à longue"
nommé "Hwasong-12", a rapporté l'agence officielle nord-coréenne
KCNA. L'opération, poursuit l'agence, a été "personnellement"
supervisée par le dirigeant nord-coréen Kim
Jong-un.
"Aucune excuse ne justifie les actions de la Corée du
Nord", a écrit Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU, dans un
tweet. "C'est tombé près de la Russie. La Chine ne peut pas s'attendre à
un dialogue. Cette menace est réelle", a-t-elle ajouté.
"La portée la plus longue jamais
testée" par ce pays
La Corée du Nord, dont l'objectif revendiqué est d'être en
mesure de porter le feu nucléaire sur le sol américain, est déjà sous le coup
de multiples sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU. Le tir de dimanche
était le deuxième en 15 jours et le premier depuis la prestation de serment
mercredi du nouveau président
sud-coréen Moon Jae-In. Il avait pour but d'examiner "les
caractéristiques" d'un nouveau type de missile, "capable de
transporter une grande et puissante tête nucléaire", affirme KCNA.
L'agence rapporte que l'engin a suivi une trajectoire très
élevée, atteignant une altitude de 2111,5 km, avant de retomber en mer du Japon
à 787 km, "précisément à l'endroit prévu". Cela laisse penser que ce
missile pourrait avoir une portée de 4500 kilomètres, observent des experts.
Pour Jeffrey Lewis, chercheur à l'Institut Middlebury des études
internationales, basé en Californie, si on met de côté les tirs de fusée,
l'engin lancé dimanche a été "le missile à la portée la plus longue jamais
testé par la Corée du Nord".
John Schilling, expert en armement de l'organisation
"38 North", un site qui dépend de l'université Johns Hopkins à
Washington, estime de son côté que Pyongyang vient apparemment de tester un
missile de portée intermédiaire qui pourrait "sûrement atteindre la base
américaine de Guam", dans le Pacifique. "Ce qui est plus
important", a-t-il ajouté, c'est qu'il "pourrait constituer un
progrès important sur la voie du développement d'un missile balistique
intercontinental (ICBM)".
Possible ouverture avec les Etats-Unis
L'accélération de ces programmes nucléaire et balistique
et la surenchère verbale avec Donald
Trump, qui a menacé de régler seul et par la force le dossier nord-coréen,
ont contribué à tendre la situation sur la péninsule coréenne. Le milliardaire
a toutefois semblé récemment mettre de l'eau dans son vin en déclarant même
qu'il serait "honoré" de rencontrer le dirigeant Kim Jong-un.
En avril, Pyongyang avait organisé un défilé gigantesque,
exhibant alors des missiles, dont l'un semblait du même type que celui testé
dimanche. Certains experts doutent de la capacité du Nord à miniaturiser ses
armes nucléaires pour les monter sur un missile, et rien ne prouve encore que
Pyongyang maîtrise la technologie de rentrée dans l'atmosphère.
Pour John Schilling, que
Pyongyang parvienne à mettre Guam, à 3400 km, à portée de ses missiles ne
change fondamentalement pas la donne géopolitique. Mais c'est une étape.
"Ce qui changerait l'équilibre stratégique serait un ICBM capable de
toucher le sol continental américain", a-t-il dit. "Ce ne sera pas ce
missile, mais il pourrait s'agir d'un banc d'essai, d'un test de technologies
et de systèmes qui seront utilisés pour des ICBM", poursuit-il, en
avançant que Pyongyang cherche aussi à tester des "sous-systèmes
d'ICBM" pour jouir d'une "couverture" en cas d'attaque
américaine.
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