L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, le 30 mars 2017 à Séoul |
Séoul (AFP) - L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a
été formellement inculpée pour corruption, dans l'enquête sur le retentissant
scandale qui a précipité sa descente aux enfers, tout comme le président du
groupe Lotte, cinquième plus grand conglomérat du pays.
L'ex-chef de l'Etat, dont la destitution a été confirmée en
mars et qui est actuellement détenue, est également poursuivie pour abus de
pouvoir et pour avoir divulgué des secrets d'Etat, ont annoncé les enquêteurs
dans un communiqué.
"Nous avons formellement inculpé Mme Park (...) de
nombreux chefs parmi lesquels abus de pouvoir, coercition, corruption et
divulgation de secrets d'Etat", ont-ils déclaré à l'issue de leurs
investigations.
L'affaire est centrée sur l'ex-confidente de l'ombre de
Mme Park, Choi Soon-Sil, qui est actuellement jugée pour avoir profité de ses
entrées pour contraindre de grands groupes du pays à verser près de 70 millions
de dollars à deux fondations qu'elle contrôlait, des sommes dont elle aurait
fait un usage personnel.
Les enquêteurs ont d'ailleurs également inculpé le
président du géant de la distribution Lotte, cinquième conglomérat du pays.
Shin Dong-Bin est le second grand patron a être poursuivi dans cette affaire,
après l'héritier de Samsung Lee Jae-Yong, dont le procès a déjà commencé.
Dans ce scandale qui a illustré à nouveau les relations
malsaines entre les milieux politiques et patronaux dans la quatrième économie
d'Asie, l'ex-chef d'Etat âgée de 65 ans est accusée d'avoir accordé des faveurs
politiques aux capitaines d'industrie qui s'étaient montrés généreux envers Mme
Choi.
- Campagne présidentielle -
Shin Dong-Bin, 62 ans, est soupçonné d'avoir versé 7
milliards de wons (5,7 millions d'euros) de pots-de-vins à une fondation liée à
Mme Choi en échange de décisions favorables de la présidente au sujet des
boutiques hors taxes de son groupe.
Le scandale, qui avait éclaté en milieu d'année dernière,
avait entraîné des manifestations monstres pour réclamer le départ de la
présidente, à mesure que les révélations se succédaient sur les ramifications
d'une affaire tentaculaire.
Dans un contexte de frustrations économiques et sociales
croissantes, Mme Park avait été destituée le 9 décembre par l'Assemblée
nationale.
Cette décision a été validée le 10 mars par la Cour
constitutionnelle, permettant du même coup la levée de son immunité présidentielle,
son audition et son placement en détention provisoire.
Elle est le troisième ancien chef de l'Etat à être arrêté
dans une affaire de corruption en Corée du Sud. Les ex-hommes forts Chun
Doo-Hwan et Roh Tae-Woo ont purgé des peines de prison pour ce motif dans les
années 1990.
Fille de l'ancien dictateur Park Chung-Heen, Mme Park est
actuellement détenue dans une prison de la banlieue de Séoul.
Elle est aussi accusée d'avoir laissé Mme Choi, qui n'a
pas été plus loin que le lycée et n'avait aucune habilitation de sécurité,
mettre son nez dans les affaires d'Etat comme les nominations au sommet.
L'ex-présidente rejette toutes les accusations et accuse
son amie d'avoir abusé de sa confiance.
Son inculpation intervient au moment où débute la campagne
officielle pour l'élection présidentielle qui a été convoquée par anticipation
pour lui trouver un successeur.
A en croire les sondages, ce scrutin sera essentiellement
un duel entre Moon Jae-In, issu de la principale formation de l'opposition de gauche, le Parti
démocratique, et le Ahn Cheol-Soo du Parti du peuple (centre).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire