Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à sa sortie de la Trump Tower à New York après sa rencontre, le 25 septembre 2016, avec Donald Trump, qui n'était encore que le candidat républicain à la présidentielle. |
C’est un Benjamin Netanyahu, otage de ses ultras et sous
la menace de poursuites pour des faits présumés de corruption, qui va
rencontrer pour la première fois, le 15 février 2017, le nouveau chef de la
Maison Blanche, Donald Trump. Au menu de leur rencontre, les deux sujets de
discorde avec Barack Obama: l’extension des colonies notamment à Jérusalem et
la stratégie à suivre face au péril iranien
Sûr de lui, sans l’être totalement de Donald Trump qu’il rencontre pour la
première fois à la Maison Blanche, Benjamin Netanyahu s’est contenté de résumer
dans ses grandes lignes l’objectif de cet important
déplacement.
«Assurer avant tout la sécurité
politique d’Israël constituera l’élément essentiel» de cette
rencontre avec le nouveau président américain, a-t-il déclaré à la veille de
son départ pour Washington.
Certes, la sécurité de l’Etat hébreu n’a jamais été mise en cause par les
présidents successifs des Etats-Unis, mais après les huit années de brouille et
de bouderies avec le président Obama, l’accession au pouvoir de Donald Trump a
donné des ailes au Premier ministre israélien.
Netanyahu accélère la
colonisation et freine la solution à deux Etats
Enhardi par la multiplication des déclarations de Trump lors de sa campagne
affirmant qu’il souhaitait transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à
Jérusalem et déchirer l’accord conclu avec Téhéran sur le nucléaire, Benjamin
Netanyahu a déjà pris les devants dans la poursuite des faits accomplis.
Depuis le 20 janvier 2017, il a annoncé la construction de plus de 5.000
logements de colonisation en Cisjordanie et l’impulsion par le gouvernement
d’une nouvelle colonie, la première depuis plus de 20 ans.
Après l'approbation par le gouvernement israélien de la construction de 2500
logements en Cisjordanie, des ouvriers palestiniens posent de nouvelles
infrastructures dans la colonie d'Ariel, près de la ville palestinienne de
Naplouse, le 25 janvier 2017. © JACK GUEZ/AFP
Sur le plan régional, Netanyahu entend surtout, lors de sa visite, réaffirmer
que l’Iran demeurait l’ennemi numéro un d’Israël et obtenir que les Etats-Unis
agissent de manière à empêcher que la République islamique ait une présence
militaire permanente à la frontière israélienne via l’Irak, la Syrie et le
Liban.
Quant à la solution à deux Etats adoptée jusque là par la communauté
internationale, elle semble plus floue que jamais. Le ministre de l’Education
Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif et partisan
d’une politique de colonisation et d’annexion de territoires palestiniens,
s’est exprimé de manière décomplexée. Il a pressé le Premier ministre de
profiter d’une «occasion
historique» pour informer Donald Trump qu’il ne soutenait pas la
création d’un Etat palestinien.
Benjamin Netanyahu lui a répondu en conseil des ministres qu’il comptait dire
au président américain son soutien à la solution à deux Etats tout en dénonçant
la mauvaise volonté des Palestiniens.
Trump appelle Palestiniens et
Israéliens à se montrer «raisonnables»
Une stratégie israélienne pure et dure qui risque malgré tout de rencontrer des
surprises. Depuis son entrée en fonction, Donald Trump a quelque peu adouci son
discours. Dans un entretien avec un journal israélien, il a dit ne pas croire
que l’expansion des colonies «soit
une bonne chose pour la paix».
Dans le même entretien, il a également affirmé vouloir un accord «bon pour toutes les parties»,
ajoutant qu’Israéliens et Palestiniens devaient se montrer «raisonnables». Une manière,
selon les experts, de dire aux jusqu’au-boutistes israéliens qu’ils n’ont pas
carte blanche et qu’il entend réserver ses options pour présider à un accord.
Concernant enfin le
transfert de la représentation diplomatique américaine à Jérusalem, le
politologue Mark Heller cité par l’AFP, ainsi que la plupart des commentateurs,
estiment que ce sujet sera
«marginal, dans la mesure où une telle promesse a peu de chance d’être tenue.»
Un rapport confidentiel de
diplomates européens sur Jérusalem
Même si un coup de théâtre n’est pas à exclure de la part de Trump, la nouvelle
administration américaine pourrait tenir compte des diverses mises en garde
contre une telle décision, notamment celle des Palestiniens
qui menacent de revenir sur leur reconnaissance de l’Etat d’Israël.
Autre appel à la retenue, celui des diplomates européens qui viennent de
remettre un rapport à Bruxelles sur la situation à Jérusalem qui n’a jamais été
aussi explosive depuis 1967. Un rapport, confidentiel, dont l’URL
a été révélé par le site français
Mediapart le jour du départ de Benjamin Netanyahu pour Washington.
«L’expansion des colonies et
l’exclusion politique, économique, sociale des Palestiniens, qui ne cesse de
s’aggraver, ont un impact négatif sur la situation à Jérusalem. La polarisation
et la violence croissante dans la ville menacent de plus en plus la viabilité
de la solution à deux Etats, avec Jérusalem comme capitale commune. Et le
niveau des tensions risque de s’élever encore en 2017, avec le cinquantième
anniversaire de l’annexion de la ville, compte tenu de ce que prévoient, à
cette occasion, les autorités israéliennes», explique en substance
le rapport.
Une Iranienne brandissant une caricature de Donald Trump
assortie du vieux slogan «A bas l'Amérique», à l'occasion du 38e anniversaire
de la révolution islamique, le 10 février 2017 à Téhéran. © ATTA KENARE/AFP
l'Iran en tête des sujets à
traiter
Sur l’Iran enfin, qui figurerait en tête des sujets à traiter, les deux hommes
ont déjà accordé leurs violons par une série de
prises de langue discrètes du Mossad avec les conseillers de Donald Trump
et les responsables pressentis des services de renseignement américains.
Reste à voir quelle partition ils comptent jouer avec la République islamique
d'Iran. En attendant, le ton continue de monter très fort entre les deux
présidents américain et iranien.
«Il faut parler au peuple iranien
avec respect. Quiconque utilise le langage de la menace, le peuple iranien le
lui fera regretter» avait déclaré Hassan
Rohani à l’adresse des Etats-Unis, le 10 février 2017, à l’occasion du 38e anniversaire de
la révolution islamique. «Il
ferait mieux de faire attention», avait aussitôt répondu Donald
Trump, à la plus grande satisfaction de Benjamin Netanyahu.
Par Alain Chémali avec AFP
e 14/02/2017 à 17H34
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