Donald Trump, le 11 janvier à New York. Photo Evan Vucci. AP |
Pékin ressort comme le grand gagnant de la
décision, prise lundi par le président américain, de sortir les Etats-Unis du
Traité transpacifique de libre-échange.
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Ce qu'implique la sortie des Etats-Unis du
Traité transpacifique, signée par Donald Trump
Lundi pour son premier vrai jour à la Maison Blanche,
Donald Trump n’a pas chômé. Entouré de son équipe très
masculine, il a signé une série de décrets dont la sortie des Etats-Unis du
Traité transpacifique (TPP). Cet accord de libre-échange commercial entre les
Etats-Unis et onze autres pays de la zone Pacifique (Australie, Brunei, Canada,
Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam)
a été signé par Barack Obama mais pas ratifié.
Il a donc suffi d’un paraphe du
nouveau président pour sortir de cette entente négociée pendant huit ans. Une alliance qui devait concentrer 40%
du PIB mondial et un tiers des échanges commerciaux de la planète.
Le geste de Trump n’est pas vraiment une surprise. Le
nouveau locataire de la Maison Blanche s’est attaqué au TPP à de nombreuses
reprises pendant la campagne présidentielle. «C’est un traité horrible. Il a été conçu pour que la Chine l’intègre»,
avait-il déclaré lors d’un débat télévisé fin 2015. Jusqu’à maintenant,
l’entrée de la Chine n’était pas d’actualité. Pékin se frotte désormais les
mains de la décision de Trump.
En quoi la sortie du TPP est-elle favorable à la Chine ?
«Pour la
Chine, c’est une bonne nouvelle, assure Mary-Françoise Renard,
économiste à l’université Clermont-Auvergne. Le traité avait été conçu par Obama avec la volonté d’en écarter Pékin
et de contrebalancer sa présence dans la région.» Il prévoyait
un abaissement des droits de douane sur de nombreux produits, comme le textile,
le riz ou encore l’automobile. Et aussi la possibilité de renforcer les
régulations sur le travail ou sur l’environnement… Mardi, Pékin s’est dit «prêt à accélérer» la mise sur
pied de zones de libre-échange alternatives. Le gouvernement chinois a déjà
engagé la création d’un Partenariat économique intégral régional (RCEP) qui
associe les dix pays membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique
(Asean) et leurs partenaires régionaux (Japon, Australie, Inde, Corée du Sud,
Nouvelle-Zélande).
Les anciens futurs partenaires des Etats-Unis se tournent
vers la Chine pour ne pas voir se volatiliser leurs efforts investis dans le
TPP. Mardi, le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, a évoqué «la possibilité que le TPP aille de l’avant
sans les Etats-Unis» et «que
la Chine rejoigne l’accord».
Pourquoi Donald Trump a-t-il persisté à dénoncer l’accord ?
Le TPP n’était «pas
dans [le] meilleur intérêt» des Etats-Unis, a justifié le
porte-parole de la Maison Blanche, lundi. Après avoir signé le décret, Donald
Trump a rappelé sa volonté de «fabriquer
nos produits chez nous maintenant». «Nous allons arrêter les traités
commerciaux ridicules qui ont poussé tout le monde hors de notre pays et pris
nos entreprises, cela va être inversé», a-t-il lancé. Trump rompt
ainsi avec la politique économique prônée par les gouvernements américains
(démocrates ou républicains) depuis la guerre froide : le libre-échange.
Le sénateur républicain John McCain a justement dénoncé «une sérieuse erreur» qui
pourrait faire du tort au pays : «Cela envoie le signal inquiétant d’un désengagement américain dans la
région Asie-Pacifique au moment où l’on peut moins se le permettre.»
Qu’est-ce que cela augure pour la politique économique américaine ?
Pour Stéphanie Villers, économiste à Humanis, le retrait
du TPP est purement symbolique de sa politique. Ce geste donne le signal d’un «probable embargo économique provoqué par
les Etats-Unis eux-mêmes et qui coûterait cher à la population».
Donald Trump veut la fin des accords multilatéraux, au profit de traités
bilatéraux. «Mais cela ne
fonctionnera pas, assure Stéphanie Villers. Avec le poids économique des Etats-Unis, le
rapport de force serait trop déséquilibré.»
Trump a rappelé vouloir mettre en place «des taxes frontalières conséquentes»,
jusqu’à 35%. Histoire de dissuader les entreprises américaines de délocaliser
et ainsi de favoriser l’économie nationale. Dans la même veine, le président
américain veut renégocier, voire sortir, de l’accord de libre-échange avec le
Mexique et le Canada (Alena), entré en vigueur en 1994. Certes, un retour
de la production sur le sol américain permettrait la création d’emplois, mais
provoquerait aussi une augmentation des prix des produits «made in USA». «Il faudra du temps pour reconstruire le
système productif américain, explique Mary-Françoise Renard. Le pays s’est largement
désindustrialisé.» Les Etats-Unis s’exposeraient, en outre,
aux mesures de rétorsion des anciens partenaires lésés. Fini les Boeing achetés
par la Chine, le ciment mexicain ou le pétrole canadien.
De nombreux chefs d’entreprise et présidents de syndicat
ont défilé dans le bureau de Trump depuis deux jours pour saluer sa politique.
Une politique qui pourrait pourtant leur coûter très cher. «Ils ont intérêt à le caresser dans le sens
du poil, car ils attendent la baisse de 38% à 15% des impôts sur les entreprises»,
ajoute Stéphanie Villers. Pour de nombreuses décisions de politique
commerciale, le Président devra en passer par le Congrès, là où la majorité
républicaine défend le libre-échange avec ferveur.
Comment à la venir monsieur Trump ,US d'abor !
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