Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aurait déclaré ce mardi 6 mars à des émissaires sud-coréens qu’il était prêt à des négociations avec les Etats-Unis au sujet de l’abandon de son programme nucléaire. Le Nord aurait même affirmé son engagement à renoncer au nucléaire à long terme si la sécurité de son régime était assurée.
Ces déclarations
nord-coréennes sont spectaculaires, certaines sont même inédites. C’est le cas
de celle concernant un sommet entre leurs deux dirigeants, fin avril. La
rencontre aurait lieu sur la frontière, à Panmunjeom, l’unique point de contact
entre les deux moitiés de la péninsule. Les deux précédents sommets
intercoréens avaient eu lieu à Pyongyang, et non pas sur la frontière. Cette
rencontre serait aussi la première de Kim Jong-un avec un chef d’Etat étranger.
« La Corée du Nord cherche
avant tout sa propre survie et les deux Corées aimeraient reprendre leur destin
en main. Kim Jong-un joue sur cette envie d’une forme d’indépendance. Il a
toujours demandé un dialogue direct avec Séoul, mais aussi avec Washington.
Avec une condition toutefois : la garantie de la survie du régime et des
garanties de sécurité », analyse Juliette Morillot,
spécialiste de la péninsule nord-coréenne et auteure de Le Monde selon
Kim-Jong-un.
La Corée du Nord « sincère » pour Trump
Le président américain Donald Trump a
rapidement réagi sur Twitter, saluant une avancée possible dans les discussions
avec la Corée du Nord. « Pour la première fois depuis longtemps, un sérieux effort est en train
d’être réalisé par toutes les parties concernées », a-t-il écrit.
« Je pense qu'ils sont sincères »,
a déclaré plus tard le président américain lors d'une conférence de presse
conjointe à la Maison Blanche avec le Premier ministre suédois. Le changement
de ton est spectaculaire. Le président américain qui a insulté à plusieurs
reprises le dirigeant nord-coréen et menacé de détruire son pays évoque
aujourd'hui un dialogue de qualité et un geste très positif de Pyongyang,
constate notre correspondante à Washington, Anne Corpet.
Nous allons voir ce qui se passe. Ils semblent
agir de manière positive. Les déclarations qui viennent de Corée du Sud et de
Corée du Nord sont très positives, a salué Donald Trump. J'aimerais être
optimiste et nous allons j'espère emprunter un très beau chemin vers la paix,
mais nous sommes prêts à emprunter tout chemin nécessaire, quel qu'il soit.
Nous assistons à un très bon dialogue, nous avons fait des progrès il n'y a
aucun doute. Nous verrons ce qu'il se passe. »
Quelles garanties ?
Mais quelles garanties les Etats-Unis peuvent-ils
véritablement donner à la Corée du Nord ? « Peut-être, comme la
Corée du Nord l’avait proposé autrefois, un pacte de non-agression, avance
Juliette Morillot. La seconde étape pourrait être aussi un traité de paix sur la
péninsule, parce qu’il ne faut pas oublier que les deux Corées sont toujours
techniquement en guerre. » Mais, rappelle la spécialiste,
l’arme nucléaire constitue pour Pyongyang une véritable assurance-vie. Le
régime a tellement investi dans son programme nucléaire qu’on l’imagine mal
renoncer du jour au lendemain à l’atome sans contreparties considérables.
D’autant que ce n’est pas la première fois
que le régime nord-coréen déclare être prêt renoncer au nucléaire. Pyongyang et
Washington ont aussi déjà signé dans le passé des accords de dénucléarisation,
notamment en 1994 et en 2005. Ils avaient finalement échoué, chaque camp
accusant l’autre de ne pas respecter ses engagements.
La prudence est de mise. Mais après des mois
de tensions et de menaces de guerre, ces avancées représentent une véritable
chance de trouver une solution diplomatique à la crise coréenne.
RFI
le 06-03-2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire