Une Chinoise pose à côté d’une statue en cire de Trump, le 8 mars, dans la province du Liaoning. PHOTO AP |
Le président
américain entame ce vendredi un voyage de douze jours sur le
continent asiatique avec un double objectif : réaffirmer sa position sur
la Corée du Nord et asseoir davantage la puissance économique des
Etats-Unis.
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Trump en Asie pour un grand tour de force
Même la tournée asiatique de Donald Trump qui débute ce
vendredi est l’occasion, pour la Maison Blanche, d’user des superlatifs
habituels : «Ce voyage va être le
plus long en Asie d’un président américain depuis au moins vingt-cinq ans,
a vanté un haut responsable de l’administration lors d’un briefing,
mardi. Et aucun président n’a
visité plus de pays dans la région en un seul voyage depuis le président George
W. Bush en octobre 2003.»
En douze jours, le président
américain se rendra à Hawaï, puis au Japon, en Corée du Sud, en Chine, au
Vietnam et aux Philippines. Il participera à deux sommets régionaux, l’un de
l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), l’autre de la
Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec)
Les enjeux commerciaux de ce voyage sont nombreux (lire ci-contre) : compétitivité
des entreprises américaines dans la région, accès au marché chinois, nouvelles
relations à établir pour les Etats-Unis après leur sortie de l’accord de
partenariat transpacifique (TPP), dont le Vietnam et le Japon sont signataires…
Mais aussi et surtout diplomatiques : les discussions du
président américain avec ses homologues devraient être dominées par les
inquiétudes liées à la menace nord-coréenne, et la poursuite par Pyongyang de
ses programmes balistique et nucléaire.
Donald Trump devrait aborder de front le sujet lors d’un
discours, mercredi, devant le Parlement sud-coréen à Séoul. «La priorité de l’administration Trump avec
ce voyage, c’est de continuer à bâtir un consensus régional sur la pression,
économique et diplomatique, à exercer sur la Corée du Nord, appuie
la spécialiste des questions de sécurité pour l’Asia Society Policy Institute,
Lindsey Ford. Trump devrait
pousser pour de nouvelles sanctions, notamment auprès de la Chine», premier
partenaire commercial de la Corée du Nord. Pour le haut responsable de la
Maison Blanche, Pékin peut «clairement
faire plus».
«Fossé»
La visite d’Etat de Trump en Chine va être suivie de près.
La rencontre entre les deux présidents a lieu deux semaines après la fin du 19e congrès du Parti communiste chinois, d’où
Xi Jinping est ressorti «plus
fort que jamais», note Lindsey Ford, tout en rappelant les «volte-face permanentes» de
Trump au sujet de son homologue chinois. Et si les deux puissances s’entendent sur le danger
représenté par «Little Rocket
Man» - ainsi que Trump surnomme Kim Jong-un -, elles n’entendent
pas utiliser les mêmes moyens. «Pour
les Etats-Unis, laisser Pyongyang avec une telle capacité de nuisance est
intolérable. Trump voudrait que la Chine cesse tout commerce, notamment du
pétrole, avec la Corée du Nord, et qu’elle mette en place des mesures beaucoup
plus coercitives, anticipe le spécialiste de la Chine à l’Eurasia
Group Michael Hirson. Mais la
Chine, qui a déjà augmenté la pression économique sur le régime nord-coréen,
préfère une approche plus progressive. Elle veut éviter l’effondrement du
régime, qui aurait de lourdes conséquences sur la péninsule coréenne, et sur la
Chine elle-même, notamment une crise des réfugiés. Il est peu probable que la
rencontre entre Xi et Trump comble le fossé qui les sépare.»
D’autant que ces derniers temps, la stratégie de
l’administration américaine vis-à-vis de la Corée du Nord était totalement
illisible. Donald Trump promettant, à la tribune des Nations unies en
septembre, de «détruire
totalement» le pays, puis jugeant sur Twitter que le secrétaire
d’Etat, Rex Tillerson, «perd[ait]
son temps» à négocier avec les autorités nord-coréennes. «La Chine est forcément très attentive aux
rumeurs d’attaque préventive des Etats-Unis sur la Corée du Nord, indique
Lindsey Ford. La stratégie de
l’administration Trump - renforcer la pression militaire et les sanctions
économiques - n’est pas très différente de ce qu’aurait pu faire
l’administration Clinton. Mais sa rhétorique est dangereuse : elle laisse les
pays de la région dans l’interrogation. L’administration américaine
souhaite-t-elle vraiment ramener Kim autour de la table des négociations ? Ou
a-t-elle décidé que c’était allé trop loin et qu’il ne restait plus qu’une
option militaire ?»
Zone démilitarisée
Selon le haut responsable de la Maison Blanche, les «efforts diplomatiques se poursuivent mais
la position du président est que les discussions directes avec la Corée du Nord
ne sont pas opportunes à ce stade […] en l’absence de changements significatifs
dans le comportement du régime».
Outre la partie de golf prévue avec le Premier ministre
japonais, Shinzo Abe, ces douze jours seront marqués par la visite de
Pearl Harbor et par un arrêt à la base militaire Humphreys, au sud de Séoul.
Mais, finalement, Donald Trump ne se rendra pas sur la zone démilitarisée - cet
espace qui sépare les deux Corées -, contrairement à la plupart des présidents
américains depuis plus de trente ans : une retenue inhabituelle de la part
du Président. Lindsey Ford estime que Trump fait cette impasse, «sans doute par crainte que ce soit vu
comme une provocation». Lors de son briefing, rappelant que le
secrétaire américain à la Défense, James Mattis, et le vice-président,
Mike Pence, s’y sont déjà rendus, le responsable de la Maison Blanche a jugé
que l’étape, «honnêtement, est
devenue un peu un cliché».
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