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mardi 14 mars 2017

La vie sous les Khmers rouges au Cambodge: «Peut-être pire que l’enfer»

un survivant du régime khmer rouge, Hem Sakou, âgé de 79 ans, se tient devant des photos de victimes le 31 mai 2011 dans le musée Tuol Sieng du génocide.© REUTERS - Samrang Pring

Dans «Une famille au pays de l’Angkar» (éditions Tensing), Phandarasar Thouch Féniès raconte de l’intérieur le génocide au Cambodge entre 1975 et 1979 (2 millions de personnes tuées sur une population de 8 millions). Mme Féniès a vécu les déplacements harassants, le travail forcé, la faim, la disparition de ses proches. Avant de témoigner au procès des responsables. Interview.

A partir du 17 avril 1975, le régime de l’Angkar («organisation suprême» en khmer) a commencé à vider Phnom-Penh de ses habitants. Vous montrez qu’en quelques jours, les êtres humains ont été transformés en bêtes…
Les Khmers rouges nous ont déportés, avec mes proches, à la frontière thaïlandaise, en pleine jungle. Tout le pays est devenu un camp. Nous devions travailler: cultiver les champs, bêcher des terrains rocailleux, construire des canaux, des barrages… Pour le reste, on devait se débrouiller.

C’était l’enfer ! On dit que l’enfer est atroce. Mais c’était peut-être pire que l’enfer! L’humiliation était atroce. Comme l’était le manque de nourriture: peu de gens imaginent la souffrance que cela représente. Je peux tout supporter, faire l’abnégation de beaucoup de choses. Mais pas du manque de nourriture.

La faim change les comportements. Tout le monde se met à chercher de la nourriture. C’est chacun pour soi. Et c’est le pire de l’être humain qui ressort: l’égoïsme, la délation…

On essayait de trouver la moindre chose à se mettre sous la dent. Dans ce contexte, les escargots d’eau douce, les épinards sauvages, pourtant très communs, devenaient rares. On était prêt à voler quelques grains de riz.


Dans musée génocide à Phnom Penh 26 mars 2015...
Dans le musée Tuol Sleng du génocide à Phnom Penh le 26 mars 2015... Le musée est une ancienne prison, connue sous le nom de «prison S-21» pendant le régime khmer rouge, de 1975 à 1979.
 
 © REUTERS - Samrang Pring

Vous dites dans le livre que quelques grains de riz ou de sel étaient des «trésors fabuleux»…
Vous pouvez ainsi comprendre l’importance de la famine! Et encore, pour quelqu’un comme ma sœur, qui a vécu la même chose que moi, ces mots de «trésors fabuleux» ne traduisent pas suffisamment cette expérience…

Au milieu de l’horreur, quelle a été, pour vous, l’expérience la plus marquante?
Le manque de liberté. Le fait d’être surveillée 24h sur 24. Je viens de parler du manque de nourriture. C’était aussi l’humiliation par des gens qui nous écrasaient avec leur pouvoir. Ils nous traitaient pire que des animaux.

Les Khmers rouges voulaient supprimer les intellectuels, les écoles, tout ce qui représente la culture. Ils voulaient aussi supprimer l'argent. Pour eux, le pays devait repartir de zéro.

Pourquoi vous êtes-vous constituée partie civile lors du procès des chefs khmers rouges?
J’ai toujours eu cette idée. Quand j’étais détenue, j’essayais de vivre, de survivre, notamment pour voir, un jour, les coupables passer en jugement.

Pour moi, il ne s’agissait pas de se venger. La haine, la vengeance, ce n’est pas dans mes cordes! La loi et la justice doivent primer avant tout. Une mauvaise action doit être jugée. Il faut que les accusés fassent un travail leur permettant de prendre conscience de leurs actes. Pour cette raison, je suis opposée à la peine de mort. Je crois encore en l’être humain.

Vous êtes intervenue le 29 mai 2013 devant le tribunal international pour le Cambodge. Comment avez-vous vécu cet épisode? 
Cela a été très dur. Dans ma vie quotidienne, je ne pense pas au passé. Là, devant le tribunal, à Phnom Penh, j’ai revécu les faits de ma détention comme dans un film. J’ai ainsi évacué tout ce que j’avais rangé dans un coin de mon cerveau. Même s’il y a eu des choses trop atroces que je n’ai pas pu dire.


Procès à Phnom Penh chefs khmers rouges Nuon Chea Khieu Samphan
Procès à Phnom Penh des chefs khmers rouges Nuon Chea et Khieu Samphan (23 novembre 2016) © AFP - ECCC - Sok Heng NHET

Aujourd’hui, vous vivez en France, vous êtes Française. Comment jugez-vous l’évolution du Cambodge?
J’ai l’impression que ce pays est devenu une province chinoise. On y voit aussi beaucoup de Coréens, de Vietnamiens, de Thaïlandais. C’est sans doute un effet de la mondialisation.

D’une manière générale, je ne retrouve pas le pays de mon enfance, avec ses traditions. Sur 15 millions de Cambodgiens, il y a beaucoup plus de jeunes que de vieux. Et ces jeunes entendent aller de l’avant, ne pas s’appesantir sur le passé. Ils veulent gagner de l’argent, surfer sur internet… Dans ce contexte, le superficiel prime. Par exemple, on se fera construire une maison au caractère ostentatoire avec des colonnes. Mais devant la maison, le trottoir n’est même pas goudronné! On démolit ainsi des bâtiments anciens qu’on remplace par des édifices à l’architecture thaïlandaise, chinoise. J’ai l’impression que ce pays a presque perdu son âme!

Et puis, on voit beaucoup de gens vivre sur les trottoirs. De nombreux enfants misérables peuplent des bidonvilles. Tout cela n’existait pas avant. Dans ce contexte, je n’ai pas envie de retourner au Cambodge.

A vous voir si sereine, on se demande comment vous avez fait pour traverser toutes ces épreuves…
Dans ma vie, je rêve beaucoup. Le rêve m’a aidée à supporter des conditions inhumaines. Je peux être physiquement présente quelque part, mais mon esprit est ailleurs. A l’époque khmère rouge, pendant que je travaillais, même surveillée par des gardes armés, je pouvais m’évader par la pensée. Je me promenais par exemple à Paris, dans le jardin des Tuileries, dont nos professeurs à l’école nous avaient montré des photos. Une attitude qui est peut-être liée au bouddhisme.

Aujourd’hui, j’ai 70 ans, j’ai gardé un esprit enfantin et je continue à rêver. Mon esprit reste ailleurs!

Et puis, je ne ressens pas de haine. La justice est passée. Je sais que la haine entraîne la haine, la vengeance entraîne la vengeance. Et quand celle-ci frappe, on sait qu’elle frappera un peu plus tard. Encore plus fort.


«Une famille au pays l'Angkar»
«Une famille au pays de l'Angkar», par Phandarasar Thouch Féniès (éditions Tensing) © DR

Par Laurent Ribadeau Dumas
le 12/03/2017 à 16H37

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