Deux jours après l’assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie, le Kremlin, qui a dépêché en Turquie ses propres enquêteurs, a estimé ce mercredi qu'il était trop tôt pour désigner les responsables du meurtre. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté affirmé ce mercredi que l'assassin de l'ambassadeur de Russie était un membre du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d'Ankara qui l'accuse d'avoir fomenté le putsch manqué en juillet.
«C'est un membre de l'organisation terroriste FETO, il n'y a pas besoin de dissimuler cela», a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara.
Les Russes veulent des explications
Le porte-parole du Kremlin a pour sa part souligné ce mercredi l'importance d' « attendre les résultats du travail du groupe d'enquête », ajoutant qu'il ne fallait « pas tirer de conclusions hâtives tant que l'enquête n'aura pas déterminé qui est derrière l'assassinat de notre ambassadeur ». La Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, dépêchés par Moscou et qui ont pris part, à Ankara, à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov. « Il est vraisemblable que les Russes ne se satisferont pas d'explications comme "L'assassin de Karlov est un guléniste" », a noté ce ce mercredi Murat Yetkin, rédacteur en chef du quotidien Hürriyet. « Ils demanderont des preuves solides », ajoute-t-il.
Selon les médias turcs, les enquêteurs ont retrouvé des livres sur l'organisation guléniste lors de la perquisition du domicile de Mevlüt Mert Altintas, et passaient en revue les relations nouées par le policier. Les autorités retenaient mercredi 13 personnes en garde à vue, dont plusieurs proches du tireur, qui servait depuis deux ans et demi dans les forces de police anti-émeutes à Ankara. Selon un chroniqueur de Hürriyet, le jeune policier a été membre du dispositif de sécurité entourant le président Erdogan à huit reprises depuis le putsch manqué en juillet. « Il était membre de l'équipe assurant la sécurité du président juste derrière les gardes du corps », écrit Abdulkadir Selvi, un journaliste proche du pouvoir.
« Venger Alep »
Cet assassinat, survenu alors que les relations entre Ankara et Moscou s’amélioraient, a été qualifié de « provocation » par les deux pays qui y voient une volonté de saboter leur coopération sur le terrain syrien où une trêve a permis d'entamer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles. Lundi soir, sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, un policier âgé de 22 ans, a tué de neuf balles l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, avant d'être lui-même abattu, après avoir lancé « Allah Akbar » et affirmé vouloir venger Alep.
A.Ch. avec AFP
21.12.2016 à 16:45
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