A en croire certains zélateurs du régime, le Burundi
serait une contrée “paisible”, caractérisée par ses “paysages paradisiaques”,
son peuple accueillant, sa biodiversité exceptionnelle, sa faune riche en
léopards et hippopotames... Un décor de carte postale idyllique qui tranche
avec la brutale réalité politique du pays.
En trois ans, les violences politiques ont fait plus de
1700 morts et poussé 400 000 nouveaux burundais vers l’exil. Cette crise et ces
réfugiés sont largement « oubliés », l’Agence des Nations Unies pour
les réfugiés (HCR) n’ayant recueilli que 9 % des fonds nécessaires pour
leur venir en aide en 2018...
Pour répondre au pouvoir Burundais, qui organise cette
semaine un référendum consacrant la dérive autocratique du régime, et
contribuer à interpeller l’opinion publique sur la dramatique situation du pays
et de ses réfugiés, la FIDH* et l’agence We Are Social ont imaginé une campagne
en deux temps : un film, I love Burundi, met en scène une version
édulcorée du Burundi tel qu’il est présenté par ses dirigeants… avant de
rétablir certaines vérités, moins glorieuses, avec I leave Burundi.
I LOVE BURUNDI
Il y a quelques jours, une nouvelle agence de voyage,
Destination Burundi, fait son apparition sur les réseaux sociaux. Elle met en
ligne une campagne touristique promotionnelle, intitulée “I love Burundi”,
dévoilant une vision lénifiante et idyllique du pays. Finis les amalgames et
préjugés ! Le Burundi est aujourd’hui un territoire jeune, divers et
coloré, tourné vers les promesses de l’avenir.
Dans le film, des habitants racontent la beauté de leur
pays et les images défilent : une rencontre avec l’accueillant et
chaleureux peuple burundais ; des collines verdoyantes à perte de
vue ; la faune sauvage, les parcs nationaux, une flore exceptionnelle, le
Lac Tanganyika et autres merveilles de la nature. “I Love
Burundi” est une invitation à découvrir le Burundi, portée par la voix de
son peuple.
Vraiment ?… pas si sûr.
I LEAVE BURUNDI
Aujourd’hui est révélée la suite de ce film touristique,
qui dévoile l’envers du décor. On découvre que les voix qui vantaient les
mérites du Burundi dans le film sont en fait... celles de réfugiés burundais,
forcés à quitter leur pays. Alors, si le Burundi est si beau, pourquoi 400
000 personnes ont-elles été contraintes de partir ?
Ces trois dernières années, 400 000 Burundais ont dû
quitter le pays, plongé dans une nouvelle spirale de violences et de répression
depuis que son Président : Pierre Nkurunziza, a décidé en avril 2015 de se
présenter à un troisième mandat, au mépris de sa constitution. Tortures,
disparitions forcées, assassinats, arrestations et détentions arbitraires… le
quotidien des burundais, des opposants et de la société civile indépendante, a
sombré dans la terreur. Au point que la Cour Pénale Internationale a autorisé
le 25 octobre 2017 l’ouverture d’une enquête sur les crimes contre l’humanité
qui auraient été commis au Burundi. Lire notre note sur le référendum
constitutionnel ici.
Entre avril 2015 et le 6 mai 2018, la Ligue ITEKA a
répertorié 1710 meurtres, 486 cas de disparitions forcées, 558 victimes de
torture et 8 561 arrestations arbitraires, majoritairement liés à la crise politique
et à la répression du régime.
Face à cette situation, le pouvoir dictatorial n’a qu’une
réponse : le déni.
Pour répondre à un pouvoir qui joue la carte (et
l’illusion) d’un pays “apaisé”, la FIDH* et We Are Social ont imaginé un
dispositif orchestré en deux temps :
- D’abord, la vidéo I LOVE BURUNDI, un faux film touristique spécialement conçu
pour les réseaux sociaux, et dressant un portrait « carte postale »
du Burundi.

15/05/2018
COMMUNIQUÉ
Burundi
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