Lundi,
le Premier ministre israélien a été publiquement démenti par Washington après
avoir assuré qu'il négociait avec l'administration Trump l'annexion des
colonies de Cisjordanie. Dans le même temps, Mahmoud Abbas essuyait un revers à
Moscou.
On
savait le fameux «deal
ultime» de
Donald Trump pour la paix au Proche-Orient mal embarqué depuis la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par
Washington.
Depuis, les Palestiniens excluent toute participation à des négociations qui se
tiendraient sous le patronage des Etats-Unis, lesquels tentent de les
faire «revenir à
la table» en sabrant dans leur aide humanitaire. Mais voici que le dernier à
y croire, c’est-à-dire le président américain, exprime des doutes totalement
inattendus.
Dimanche,
dans Israël
Hayom, quotidien
gratuit le plus lu du pays et aligné sur les positions gouvernementales, Trump
semblait déjà avoir fait une croix sur tout le processus: «Pour le moment, je dirais que
les Palestiniens ne cherchent pas à faire la paix. Et je ne suis pas
complètement sûr qu’Israël la veuille aussi», a-t-il ainsi déclaré, alors qu’il se murmure
que le plan concocté par ses émissaires devrait être dévoilé sous deux mois.
Autre nouveauté: voici que Trump, pour la première fois, considère que les
colonies en Cisjordanie «compliquent la tâche» et que l’Etat hébreu «doit agir avec précaution sur ce
sujet».
Nétanyahou,
il est vrai très occupé ce week-end avec le crash d’un F-16 de Tsahal touché par un missile syrien, a-t-il pris le temps
lire Israël Hayom ? Lundi,
«Bibi» annonçait donc qu’il avait commencé à négocier l’application de la
souveraineté israélienne dans les colonies – en d’autres mots, une annexion
partielle des Territoires occupés – avec les Américains. La base du Likoud en a
fait une priorité. Fin décembre, dans la foulée de la reconnaissance de
Jérusalem, le conseil central du parti du Premier ministre a même voté, à
l’unanimité, pour qu’une telle mesure soit désormais une revendication centrale
dans les prochaines campagnes électorales à venir.
«Une
claque sans précédent»
Selon le
journaliste star Barak Ravid, Nétanyahou tenterait de contenir les ardeurs de
ses troupes à ce sujet depuis des semaines. Il aurait même expliqué que,
stratégiquement, le mieux était d’attendre que le plan Trump échoue (ce qui ne
fait apparemment aucun doute du côté israélien) pour introduire une telle loi à
la Knesset. En le déclarant publiquement, Nétanyahou a peut-être cru apaiser sa
coalition, et notamment les nationalistes religieux du Foyer juif, mais il ne
s’attendait sûrement pas à se faire recadrer aussi vertement par Washington. En
quelques heures, le Département d’Etat a publié un communiqué cinglant assurant
que de telles négociations n’avaient jamais eu lieu. «Une claque sans précédent», «le Premier ministre est un
menteur»,
s’est rengorgé toute la presse en lettres capitales.
Benyamin
Nétanyahou pourra se réconforter en se disant qu’il n’est pas le seul à avoir
reçu une douche froide lundi. Au même moment, Mahmoud Abbas, le président de
l’Autorité palestinienne, rencontrait Vladimir Poutine à Moscou. Le «raïs», qui
boycotte les émissaires américains depuis deux mois, espère faire du nouvel
homme fort dans la région le médiateur de la paix entre Israël et les Palestiniens.
Un sac de nœud dont Poutine n’a visiblement que faire : ce dernier a expliqué à
Abbas, à peine arrivé au Kremlin, qu’il sortait d’un entretien téléphonique
avec… Trump, et que ce dernier «lui envoyait ses meilleurs vœux». Et c’est à-peu-près tout. Un
camouflet pour Abbas, qui n’a plus que l’Europe vers qui se tourner.
Il y a
quelques semaines, un éditorialiste du quotidien centriste Yediot Aharonot ironisait sur le plan
Trump en le comparant au monstre du Loch Ness: «Des millions de personnes en
parlent, une dizaine assure l’avoir vu et une poignée jure avoir des preuves de
son existence. Mais il est fort probable qu’il n’existe pas.» Avec de tels couacs, la
liste des sceptiques ne peut que s’allonger de jour en jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire