La force Turquoise, déployée sous mandat de l’ONU le 22
juin 1994, avait pour mission de mettre fin aux massacres au Rwanda, en cours
depuis deux mois et demi. Crédits : HOCINE ZAOURAR / AFP
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La cour d’appel de Paris a confirmé, le 31 octobre, le refus du juge
d’instruction d’auditionner l’ex-amiral Jacques Lanxade et son adjoint de
l’époque, l’ex-général Raymond Germanos, dans l’enquête sur les possibles responsabilités de l’armée française lors du
génocide de 1994 au Rwanda.
Massacre dans les collines de Bisesero
L’association Survie, la Fédération internationale des
droits de l’homme (FIDH et LDH) et d’autres parties civiles accusent la force
française « Turquoise » d’avoir sciemment abandonné aux génocidaires
Hutu des centaines de Tutsi des collines de Bisesero, du 27 au 30 juin 1994 et
demandaient leur audition.
Les rescapés, à l’origine de la plainte, en 2005,
affirment que les militaires français leur ont promis le 27 juin 1994 de les secourir
pour ne le faire
que le 30. Pendant cet intervalle de trois jours, des centaines de Tutsi ont
été massacrés dans ces collines de l’ouest du Rwanda. Depuis le 22 juin 1994,
la force « Turquoise », déployée sous mandat de l’ONU, avait pour
mission de mettre
fin aux massacres, en cours depuis deux mois et demi.
L’enquête, instruite au pôle crimes contre l’humanité à
Paris, semble démontrer
que la découverte des réfugiés le 27 était connue des autorités françaises
avant l’intervention militaire du 30, selon une source proche du dossier.
Mais pour le juge, qui a acté ce refus d’auditions fin
août, la question de savoir
si l’absence d’intervention des militaires pendant ces trois jours constitue un
acte de complicité de génocide «
ne concerne que les officiers qui ont déjà été entendus », tous
membres de la force « Turquoise », car ils bénéficiaient de suffisamment
d’autonomie vis-à-vis de l’état-major à Paris.
Crainte d’un non-lieu
« Ce
refus de rechercher
toutes les responsabilités éventuellement engagées, y compris celles des plus
hauts responsables de l’armée
française, compromet gravement l’enquête », affirment les
trois associations dans un communiqué. « Cette décision pourrait ouvrir la
voie à un non-lieu judiciaire », s’inquiètent-elles. Cet acte « montre que si la justice enquête, elle le fait pour l’histoire et non dans la perspective de mises en
examen et encore moins d’un procès »,
s’insurgent Fabrice Tarrit, coprésident de Survie, et leur avocat, Olivier
Foks.
on audition en janvier 2016, le chef de la force
« Turquoise », le général Jean-Claude Lafourcade, a été placé sous le
statut intermédiaire de témoin assisté, tout comme trois de ses subordonnés
avant lui, échappant ainsi à des mises en examen. Depuis, « l’enquête est quasiment au point
mort », selon M. Tarrit. Les associations déplorent « que nombre d’auditions demandées en
2015 n’ont pas eu lieu et que des documents essentiels à la compréhension des
événements n’ont pas été communiqués par le ministère de la défense ».
Cette enquête, emblématique de la controverse sur le rôle
de la France lors du
génocide qui a fait 800 000 morts selon l’ONU, très majoritairement Tutsi, a depuis
un an son pendant au Rwanda : en novembre 2016, Kigali a lancé une procédure
contre 22 officiers français accusés d’implication dans le génocide, dont
l’ex-amiral Lanxade et l’ex-général Lafourcade.
Le Monde.fr avec AFP
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