Des réfugiés rohingyas au camp de Palong Khali, à Cox's Bazar au Bangladesh, le 15 novembre 2017.REUTERS/Mohammad Ponir Hossain |
Après des semaines de discussions infructueuses, un accord a finalement été signé ce jeudi 23 novembre entre la Birmanie et le Bangladesh pour rapatrier les musulmans rohingyas. Il doit théoriquement permettre les premiers retours « sous deux mois » des quelque 600 000 réfugiés qui avaient fui la répression de l'armée birmane dans l'Etat d'Arakan. L'accord est annoncé à quelques jours de la visite du pape François dans les deux pays.
Dans un communiqué, la Birmanie
parle d’un accord « gagnant-gagnant » avec le Bangladesh. « C’est une première étape »
selon les mots du ministre bangladais des Affaires étrangères.
Pour l’instant, aucune précision
n'est donnée ni sur les critères de rapatriement, ni sur les conditions de
sécurité pour le retour de ces réfugiés musulmans, ni sur le statut qu’ils
auront une fois rentrés dans l’Etat d’Arakan. Les réfugiés devront présenter
des documents officiels prouvant qu'ils vivaient sur le sol birman avant leur
exil. Or la grande majorité soit n'ont pas de papiers, soit les ont laissés
derrière eux, dans des villages entièrement détruits par le feu.
C'est l'un des points qui
inquiètent la communauté internationale, d’autant plus que des programmes
de rapatriement ont déjà eu lieu dans l’histoire du pays, sans pour autant
marquer l’arrêt des violences. L'accord signé ce jeudi s'appuie sur un texte de
1992 suite à l'exode de plus de 250 000 Rohingyas fuyant les persécutions.
Un texte très critiqué à l'époque.
Un « problème régional »
Mais la Birmanie l’a précisé ce
jeudi une nouvelle fois : « Contrairement à ce qu’affirment les pays occidentaux et l’ONU, c’est un problème régional et
seulement régional. Et qui doit donc se régler à deux, avec le Bangladesh. » Le chef de l’armée birmane
déclarait la semaine dernière : « La situation doit être acceptable pour les
réfugiés, mais aussi et surtout pour les locaux, les vrais citoyens birmans. »
Depuis la fin du mois d’août
dernier, près de 600 000 Rohingyas ont traversé la frontière, pour
fuir une situation de « nettoyage ethnique », selon les mots du chef de la
diplomatie américaine, Rex Tillerson.
La pression internationale qui s'est
accentuée ces derniers jours avec la visite de la cheffe de la diplomatie
européenne Federica Mogherini, la reconnaissance du nettoyage ethnique par les
Etats-Unis et l'annonce de la venue du Pape dimanche 26 novembre a sans doute
accéléré l'aboutissement des discussions.
RFI Publié le 23-11-2017
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