Le
président iranien Hassan Rohani, après un discours télévisé à Téhéran le 20 mai
2017, jour de sa réélection
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A peine réélu triomphalement pour quatre ans, le président
iranien modéré Hassan Rohani a été mis sous pression des Etats-Unis, ennemi de
l'Iran depuis près de 40 ans.
En obtenant 57% des voix vendredi, M. Rohani, 68 ans, a
terrassé son adversaire conservateur, Ebrahim Raissi (38%), selon les résultats
officiels diffusés samedi par le ministère de l'Intérieur.
Cette nette victoire démontre qu'une majorité d'Iraniens
approuve sa politique d'ouverture entamée par l'accord nucléaire historique
conclu en juillet 2015 avec six grandes puissances, dont les Etats-Unis.
Depuis l'Arabie saoudite, grand rival de l'Iran au
Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a de nouveau accusé
Téhéran de soutenir le "terrorisme" et critiqué ses essais de
missiles balistiques.
"J'espère que Rohani (...) engagera un processus de
démantèlement du réseau de terrorisme d'Iran" et "mettra fin aux
essais de missiles balistiques", a dit M. Tillerson qui accompagne le
président Donald Trump à Ryad.
Il a ajouté que les méga-accords de défense entre son pays
et l'Arabie saoudite annoncés pendant cette visite visaient à contrer en
particulier la "mauvaise influence iranienne" dans la région.
Les mises en garde américaines sont intervenues juste
après une déclaration télévisée de M. Rohani après sa réélection, dans laquelle
il affirme que "le peuple iranien veut vive en paix et dans l'amitié avec
le reste du monde, mais qu'il n'accepte pas la menace et l'humiliation".
Par son vote, "notre peuple a déclaré aux pays
voisins et à toute la région que la voie pour instaurer la sécurité est le
renforcement de la démocratie, non s'appuyer sur les puissances
étrangères", a-t-il dit.
- 'Longue vie à Rohani' -
A Téhéran, des milliers de personnes se sont regroupées
dans la soirée en divers endroits pour exprimer leur joie, selon des
journalistes de l'AFP sur place.
"Merci l'Iran", "Vive les réformes",
"Longue vie à Rohani", ont-il scandé avec ferveur.
Pour la plupart jeunes, garçons et filles mélangés portant
les couleurs verte et violette des réformateurs et modérés soutenant Rohani,
ils se disaient tous "heureux" de sa victoire.
Pendant la campagne, Rohani avait demandé aux Iraniens de
lui accorder plus de voix afin de pouvoir poursuivre ses réformes sur le plan
intérieur et sa politique d'ouverture.
L'ayatollah Khamenei, décideur ultime dans les principaux
dossiers iraniens, a salué la victoire "du peuple iranien et du régime
malgré les complots de ses ennemis".
Il a demandé à M. Rohani "d'avoir comme priorités les
couches déshéritées, les zones rurales et pauvres, ainsi que la lutte contre la
corruption".
Hassan Rohani a consacré la majeure partie de son premier
mandat à la négociation de l'accord nucléaire, qui a entraîné une levée
partielle des sanctions internationales frappant l'Iran depuis près de 10 ans.
Mais ces avancées n'ont pas permis d'attirer les
investissements étrangers espérés et il n'y a pas eu d'impact direct sur la vie
quotidienne des Iraniens qui restent durement frappés par le chômage (12,5% de
la population et 27% des jeunes).
L'accord nucléaire a en revanche permis à l'Iran d'entamer
son retour sur la scène internationale.
En le félicitant, l'Union européenne l'a d'ailleurs
encouragé à poursuivre sa politique d'ouverture.
Le nouveau président français Emmanuel Macron a salué la
réélection de son homologue iranien, tout en soulignant que la France serait
"vigilante" sur "la stricte mise en œuvre" par Téhéran de
l'accord sur le nucléaire.
- Atteintes aux libertés -
Avec son large score, M. Rohani a les coudées plus
franches, ce qui pourrait même lui permettre d'étendre cette ouverture à la
société iranienne où les atteintes aux libertés restent nombreuses.
Le président en Iran n'est cependant pas le seul à prendre
des décisions dans ce domaine. Elles doivent recevoir l'aval du guide suprême,
du puissant pouvoir judiciaire contrôlé par les conservateurs et parfois des
Gardiens de la révolution, l'armée d'élite.
Le scrutin s'est tenu deux jours après la décision
américaine de renouveler l'allègement des sanctions contre l'Iran, conformément
à l'accord nucléaire de 2015, destiné à garantir la nature strictement
pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée partielle des
sanctions internationales.
Mais la méfiance entre Téhéran et Washington demeure et
l'administration américaine a assorti l'allègement de nouvelles sanctions
ciblées liées au programme de missiles balistiques de l'Iran.
La victoire de Rohani a été
saluée par le président russe Vladimir Poutine, un allié de l'Iran. Le
président syrien Bachar al-Assad, dont le maintien au pouvoir après six ans de
guerre doit beaucoup au soutien des alliés russe et iranien, l'a aussi félicité.
21 MAI 2017
Mise à jour 21.05.2017 à 14:00
Par Eric RANDOLPH
AFP
© 2017 AFP
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