Vingt-cinq
anciens ministres de Blaise Compaoré seront devant la Haute Cour de Ouagadougou
ce jeudi 4 mai 2017, mais pas l'ex-président burkinabè. © RFI/Carine Frenk |
Le procès du dernier gouvernement Blaise Compaoré
reprend ce jeudi matin 4 mai devant la Haute Cour de justice à Ouagadougou.
Ouvert il y a une semaine, le procès avait aussitôt été renvoyé. Jeudi dernier,
25 anciens ministres se sont présentés. Six ministres qui vivent en exil seront
jugés par contumace. A commencer par l'ex-président, qui est jugé en tant
qu'ancien ministre de la Défense et qui a pris la nationalité ivoirienne.
Ils
sont poursuivis pour «complicité d'homicide volontaire et complicité de coups
et blessures volontaires». Ils sont jugés pour leur implication présumée dans
la répression de l'insurrection populaire d'octobre 2014 qui avait conduit à la
chute du régime.
Devant leurs juges, 25 anciens ministres vont comparaître ce jeudi.
Une image inédite. Tous sont poursuivis pour avoir décidé, lors du Conseil
extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014, de faire appel à l'armée pour réprimer les manifestants hostiles à
la modification de la Constitution.
Pour l’accusation, en signant « une réquisition complémentaire spéciale », les
ministres ont incité les militaires à tirer à balles réelles sur des
manifestants, occasionnant sept décès et 88 blessés.
Selon une source judiciaire, le procès ne devrait pas
durer plus de deux semaines. La première journée doit être consacrée en partie
aux exceptions. Environ trois jours pour les interrogatoires des prévenus. Une
journée pour l'audition des témoins. Parmi eux, le général Gilbert Diendéré,
ancien chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré qui était présent à
l'ouverture du procès. Puis ce sera le réquisitoire, les plaidoiries, le
dernier mot des accusés et le délibéré.
Le parti de Blaise Compaoré dénonce d’ores et déjà un « procès politique qui tient du
règlement de compte ». « Aucun acte illégal n'a été commis »,
renchérissent les avocats de la défense.
A l'inverse, pour ceux qui avaient pris part à l'insurrection
populaire, c'est le procès de la responsabilité politique et de la reddition
des comptes. Le procès du refus de l'impunité.
« Beaucoup
de ceux qui se retrouvent dans le box des accusés ne se seraient jamais imaginé
un jour devant la justice, tant ils considéraient que la justice c’était pour
les autres, commente Luc Ibriga, juriste, président du Forum de
citoyennes et citoyens de l’alternance. Voilà pourquoi ce procès est important parce que les Burkinabè ont soif
de justice. Parce que ceux qui ont choisi de faire passer leur projet de
révision de la Constitution par la force, aujourd’hui ont à rendre compte des
décisions qu’ils ont prises. C’est un grand moment, un moment symbolique de la
responsabilité politique et de l’importance de la reddition des comptes. Les
Burkinabè s’en souviendront. »
L’ex-président Blaise Compaoré n’est pas présent au procès.
« C’est dommage qu’il soit
absent et c’est dommage pour lui qui voulait se donner l’image d’un grand homme
d’Etat, souligne Luc Briga. Un grand homme d’Etat ne fuit pas devant ses responsabilités, il les
assume. Et le fait qu’il soit parti du Burkina Faso, mais qu’il ait aussi changé de nationalité pour échapper à la justice, ne le grandit
pas du tout. »
Lydia
Karambiri, dont le mari a été tué le premier jour de l'insurrection populaire.
© RFI/Carine Frenk
■ Les
victimes en attente de justice
Devant la Haute Cour de
justice de Ouagadougou, les victimes n’ont pas pu se porter
partie civile, la loi ne le prévoit pas. Elles le déplorent. RFI a rencontré
Lydia Karambiri. Son mari qui travaillait au Haut commissariat pour les
réfugiés (HCR) en République démocratique du Congo a été tué par le Régiment de
sécurité présidentielle, au premier jour de l'insurrection.
Publié le 04-05-2017
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