La Première ministre britannique Theresa May et la
chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse à Berlin,
le 20 juillet 2016
afp.com/John MACDOUGALL
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Theresa May
accuse l'Union européenne de s'unir contre le Royaume-Uni dans le cadre des
négociations du Brexit. Angela Merkel affiche sa fermeté.
La chancelière allemande et la Première ministre
britannique se sont affrontées sur le Brexit
ce jeudi, Angela
Merkel prévenant les Britanniques de n'attendre aucune mansuétude dans les
négociations tandis que Theresa
May accusait les Européens de "s'unir contre" son pays.
"Un pays tiers ne bénéficiera pas des mêmes droits,
ou de droits plus avantageux, qu'un pays membre" de l'Union européenne, a
dit Angela Merkel devant les députés allemands,
à deux jours d'un sommet de l'UE sans le Royaume-Uni qui doit fixer ses
positions de négociations.
"Peut-être pensez-vous que tout ceci est
évident, mais je dois malheureusement le dire aussi clairement car j'ai le
sentiment que certains en Grande-Bretagne se font encore des illusions à ce
sujet", a ajouté Angela Merkel, au lendemain d'une rencontre à Londres
entre la Première ministre et des responsables européens.
Afficher un front uni face à Londres
Dans la soirée, Theresa May a réagi en accusant les 27
autres Etats membres de l'UE de "s'unir contre" son pays. "Les
négociations vont être difficiles", a-t-elle lancé à l'adresse des
électeurs britanniques à Leeds (nord de l'Angleterre), en pleine
campagne électorale pour des législatives anticipées qu'elle a convoquées
pour le 8 juin. Theresa May cherche à élargir sa majorité conservatrice au
Parlement -où elle dispose de 17 sièges d'avance actuellement-- assurant
qu'elle sera ainsi dans une position plus forte pour négocier avec Bruxelles et
les 27.
Une réunion préparatoire au sommet, avec les ministres des
Affaires européennes des 27, a eu lieu jeudi à Luxembourg. Objectif: afficher
un front uni face à Londres, qui pourrait être tenté de jouer sur les intérêts
parfois divergents entre pays européens. "Il semble qu'actuellement nous
soyons complètement unis, sur tout", a assuré à son arrivée le vice
Premier ministre maltais Louis Grech, dont le pays assure la présidence
tournante de l'UE.
Selon un projet de texte pour le sommet européen, l'UE
entend se concentrer sur la défense des droits des citoyens (de l'UE résidant
au Royaume-Uni et des Britanniques établis dans le reste de l'UE), sur les
engagements financiers pris par Londres auprès de l'UE ou encore sur leur
future relation commune. Considérée comme la dirigeante européenne la plus
influente du moment, Angela Merkel s'est efforcée de faire preuve de fermeté
avant des négociations qu'elle prévoit "difficiles". Croire que le
Royaume-Uni pourrait obtenir des avantages équivalents, après sa sortie, à ceux
dont il bénéficie aujourd'hui "serait du temps perdu", a-t-elle
insisté à Berlin.
"Beurre et argent du beurre"
L'Allemagne et les autres pays européens n'entendent pas,
en particulier, donner au Royaume-Uni un accès plein et entier au marché
intérieur de l'UE si sans maintien d'une libre circulation des citoyens
européens. Ce que Londres refuse. La question du statut du secteur financier
britannique, avec la puissante City de Londres, est aussi au centre des débats.
"Ce qui ne peut fonctionner, c'est un accès au marché intérieur sans libre
circulation (des citoyens, ndlr) ou un accès des institutions financières
britanniques au marché financier européen pendant que Londres procède à une
dérégulation massive" pour attirer les investisseurs, a indiqué un des
secrétaires d'Etat allemands aux Finances, Jens Spahn. "On ne peut avoir
le beurre et l'argent du beurre", a-t-il dit.
Un autre sujet de discorde à venir porte sur la facture
que Londres devra régler pour sortir de l'UE. Sur ce point, la chancelière a
jugé que "les négociations doivent dès le départ inclure la question des
obligations financières de la Grande-Bretagne, y compris après le Brexit".
Cette facture a été évaluée côté européen à environ 60 milliards d'euros, mais
des responsables britanniques ont laissé entendre qu'ils n'avaient pas
l'intention de payer un tel montant.
Angela Merkel a aussi réaffirmé que les discussions sur
les conditions de la sortie de l'UE devaient d'abord être résolues "de
manière satisfaisante" avant d'aborder le cadre des relations futures
entre le Royaume-Uni et l'UE, alors que Londres préférerait mener les deux de
front. Cette chronologie est "irréversible", a dit la chancelière
allemande.
L'UE espère entamer les
négociations sur l'article 50 après les élections générales anticipées du 8
juin au Royaume-Uni. "Les 27 autres pays européens sont en train de s'unir
contre nous", a dit Mme May lors d'un discours à Leeds (nord de
l'Angleterre). Mme Merkel "a dit que le Royaume-Uni se faisait des illusions
sur le processus et que les 27 Etats membres de l'Union européenne étaient
d'accord", a relevé Theresa May, soulignant que les "négociations
allaient être difficiles".
LEXPRESS.fr avec AFP , publié le
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