Les prisons surpeuplées de Thaïlande comptent cinq fois plus de détenus que leur capacité.© Tawatchai Kemgumnerd / Bangkok Post |
- La Thaïlande figure en sixième position dans le
classement mondial des pays qui comptent la plus grande population carcérale.
C’est ce que rappelle la FIDH dans son dernier rapport, précisant qu’en janvier
2017 plus de 70% des détenus thaïlandais purgeaient une peine pour des
infractions liées aux stupéfiants.
En Thaïlande, quiconque se fait arrêter en possession de quelques pilules de
yaba (la drogue qui rend fou) risque de passer dix années derrière les
barreaux. Moins nombreuses mais plus longues, les peines de prison pour
diffamation ou insulte à la famille royale peuvent aller jusqu’à 30 ans. Dans
un cas comme dans l’autre, la longueur des peines est disproportionnée par
rapport au délit. C'est ce qu’avait déjà dénoncé dans un précédent rapport la
Fédération internationale des droits de l’Homme.
Cette fois, la FIDH appelle
la Thaïlande à réformer ses prisons surpeuplées et délabrées. Certaines
accueillent cinq fois plus de détenus que leur capacité ne le permet. Les
gouvernements successifs ont fait «très
peu» pour résoudre le problème de surpopulation due aux très
nombreuses condamnations pour usage de drogues, a insisté Andrea Giorgetta,
directeur de la FIDH pour l'Asie du Sud-Est.
L'ONG dénonce aussi dans son rapport les nouvelles restrictions concernant
l'accès aux prisons pour les visiteurs et l'enfermement de centaines de civils
dans des camps de rééducation militaires secrets. Cette ligne dure n'a pas
permis de réduire le nombre de consommateurs de drogue, reconnaissent les
généraux de la junte.
Purge dans l'entourage du
nouveau roi
Depuis leur arrivée au pouvoir en mai 2014, les manifestations ont été
interdites et la justice a multiplié les lourdes peines et les arrestations
pour des propos jugés insultants envers la monarchie du pays. Dans
l'entourage du nouveau roi thaïlandais, Maha
Vajiralongkorn, 64 ans, deux proches conseillers officiels ont été
évincés du pouvoir. L'un deux, le général Jumpol, aurait tiré avantage de sa
position, «mettant en péril la
sécurité», a annoncé le palais. Depuis, selon les médias
thaïlandais, Jumpol n'a plus fait d'apparition publique. L'autre
conseiller, Chitpong Thongkum, a également été renvoyé, lui aussi pour avoir
utilisé ses liens avec le roi «de
façon inappropriée».
Dans un précédent rapport, le FIDH soulignait les graves manquements aux droits
de l'Homme liés à l'application des
lois de lèse-majesté qui protègent la monarchie thaïlandaise.
Plusieurs affaires montrent à quel point le champ de la loi a gagné du terrain
ces dernières années. Une mère de famille a écopé de 28 ans de prison pour des
propos sur la famille royale publiés sur Facebook. Un ouvrier a été emprisonné
pour s'être moqué de Tongdaeng,
le chien du roi Bhuminol Adulyade. Le jour de l'anniversaire de l'ancien
roi, l'employée d'un hôpital avait été arrêtée pour s'être habillée en noir le
jour de l’anniversaire du monarque considéré comme le ciment de la nation.
A ce rythme-là, rien d'étonnant à ce que le pays ait le dixième taux d'incarcération
le plus élevé au monde et le plus élevé d'Asie du Sud-Est avec 425 prisonniers
pour 100.000 personnes.
Par
Dominique Cettour Rose
le 01/03/2017 à 15H48
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