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dimanche 19 février 2017

À deux pas de Tokyo, des étudiants se forment dans une université financée par la Corée du nord


Il faut aller bien loin du centre de Tokyo pour trouver l'endroit. Prendre le train, direction l'ouest de l'immense agglomération, pour arriver dans la paisible (et excentrée) ville de Kodaira. La spécialité de cette municipalité? Elle abrite pas moins de six universités différentes. Dont sans doute la plus secrète et la plus mystérieuse de tout le Japon: la Chôsen Daigakkô, l'université du régime nord-coréen, un établissement officiellement financé directement par Pyongyang.

Rien de secret en apparence, mais le lieu est difficile à trouver. Éloignée de la la gare de la ville –dont le nom est d'ailleurs transcrit en japonais et en coréen– et paisiblement installée à l'écart du centre-ville, à côté d'un bois, l'université vit repliée sur elle-même, entre ses dortoirs d'étudiants et sa grille sous bonne garde. Derrière ces murs austères, loin de l'ambiance mi-studieuse, mi-joyeuse des facs de Tokyo, la Chôsen Daigakkô remplit son œuvre: apprendre aux étudiants –quasiment tous des Nord-Coréens vivant au Japon– la littérature, les sciences, le management ou les langues étrangères teintés des préceptes du Juche, l'idéologie lancée par l'ancien président Kim Il-sung, grand-père de l'actuel maître de Pyongyang Kim Jong-un. Le tout, sans que Tokyo, qui doit faire face à la menace des missiles nord-coréens, n'y trouve grand-chose à redire.
Et pour cause: derrière cette université d'un genre particulier, on trouve un puissant organisme présent au Japon depuis 1955, le «Chôsen Sôren» (parfois appelé aussi «Chongryon»), l'association qui regroupe les intérêts des Nord-Coréens vivants au Japon. Située en plein cœur de Tokyo, la structure défend les intérêts de ceux fidèles au régime de Pyongyang (et en aucun cas de ceux ayant fait «défection»), dont la présence remonte à la colonisation japonaise de la péninsule coréenne (1905-1945). Ceux qui ont fait souche au Japon se sont structurés et sont restés proches de la mère-patrie, et de son idéologie, après la partition de la Corée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une organisation similaire existe d'ailleurs pour les Sud-Coréens.

Business du pachinko.


Le Chôsen Sôren a su faire fructifier les affaires de sa communauté. «Certains membres du Chêsen Sôren sont très riches car ils tiennent le business très lucratif du pachinko au Japon», explique Sachio Nakato, spécialiste des relations avec la Corée du Nord à l’université Ritsumeikan de Kyoto. Le pachinko, ce mélange entre le flipper et la machine à sous, est pour l'instant la seule forme de jeu d'argent autorisé au Japon (en attendant l'arrivée des casinos, qui viennent d’être légalisés) et génère pas loin de 200 milliards de dollars de recettes dans quelques 12.000 établissements. Une manne pour certains groupes, dont les Nord-Coréens, qui se sont lancés dans cette activité peu valorisante dans la société japonaise classique.
«Une partie de l'argent généré est ainsi renvoyé en Corée du Nord. Nous ne savons pas combien exactement, mais c'est cet argent qui sert à financer le réseau scolaire nord-coréen dans le pays. Si c'est donc officiellement Pyongyang qui signe les chèques, c'est le Chôsen Sôren qui injecte le cash.»
Une université qui se finance seule et qui a donc la possibilité de se déclarer comme un établissement privé qui sort du giron des autorités éducatives japonaises. Pas de subvention d'un côté, mais une liberté totale d'enseignement de l'autre, a fortiori dans un Japon qui reste un État de droit. Une situation qui accentue d'autant plus le caractère totalement «insulaire» de l'établissement.
Pour y rentrer, le recrutement se fait quasi-exclusivement parmi les quelques 70 lycées nord-coréens qui quadrillent le territoire. Pour certains de ces jeunes, d'ailleurs, l'entrée dans une université du pays étant soumise à un examen spécial (leurs écoles n'étant pas reconnues dans le système officiel), la Chôsen Daigakkô est le seul débouché. Et que peuvent espérer professionnellement les étudiants de cette université pas comme les autres quand on arrive diplômé en ayant le double désavantage d'être Nord-Coréen et d'avoir suivi une formation aussi atypique? D'après les rares informations qui fuitent sur le devenir des étudiants, la plupart finissent par travailler dans des organisations ou des entreprises gérées par le Chôsen Sôren. Ceux qui auront particulièrement brillé lors de leurs cursus peuvent espérer devenir enseignant... à la Chôsen Daigakkô.

Influence et espionnage

Mais l'établissement a peut-être d'autres objectifs que les seules questions de formation pédagogique des jeunes Nord-Coréens résidant au Japon. Derrière la vitrine respectable d'une formation universitaire d'un genre un peu particulier, la Chôsen Daigakkô reste aussi un élément d'influence d'un régime étranger avec qui les relations restent tendues à l'extrême. Pyongyang continue de faire survoler ses missiles dont les derniers, en septembre, ont atteint la zone économique exclusive du Japon. Et Tokyo, dans son discours politique, n'hésite pas à mettre en avant une menace venue de Corée du Nord pour justifier sa volonté de remilitarisation.
En filigrane, entre les deux pays, se pose la délicate question du renseignement. L'établissement est clairement un lieu sensible. Une source anonyme proche de l'université, la seule qui ait accepté de parler, nous explique «qu'il y a déjà eu au moins un cas très litigieux avec un professeur. Il était suspecté d'activités d'espionnage et a été arrêté au Japon. Je le connaissais personnellement, et il accompagnait des groupes de chercheurs en Corée du Nord. Il était également impliqué dans des activités de soutien d'agents secrets en Corée du Sud». Et son arrivée au Japon pour continuer ces missions de renseignement mettait aussi cruellement en lumière certaines carences de l'île dans le domaine du renseignement: «Les lois de sécurité nationale en Corée du Sud sont particulièrement strictes. Or, c'est encore loin d'être le cas au Japon, où il est plus facile de mener des activités d'espionnage.»
Un aveu qui, s'il doit rester sujet à caution –il ne nous sera dévoilé ni le nom ni la nationalité du professeur– pose la question de l'ouverture de l'université au reste de la société japonaise, d'autant que plusieurs étudiants possèdent la double nationalité japonaise et nord-coréenne. De rares étudiants japonais décident même de tenter l'aventure et sont considérés comme des «étudiants internationaux» dans leur propre pays. Ils ont alors accès à un cursus spécial, avec des «cours de culture» et un programme linguistique intensif.
Il reste de toute façon difficile de connaître le contenu exact de tous les enseignements et de tous les cursus délivrés dans l'établissement. Le site de l'université –d'un autre âge, et pas particulièrement avenant– ne donne guère de détails, et aucune de nos demandes d'interview ou de rencontres n'a donné de résultat. Vice Japan avait réussi le petit exploit d'avoir été autorisé à filmer un documentaire sur l'université. Mais le reportage, long d'une dizaine de minutes, semble avoir répondu à des conditions très strictes: seuls une poignée d'étudiants, jamais pris sur le fait, répondent aux questions, et les images montrent surtout des clichés très calibrées de la vie de l'université censées décrire des jeunes modernes, travailleurs et qui se déplacent en masse pour aller soutenir leurs représentants à une compétition de ping-pong…


«Un outil de lobbying»

L'existence de la Chôsen Daigakkô fait ressurgir un dernier point gênant pour les autorités japonaises: les soutiens inévitables dont jouit l'établissement dans une partie des élites locales et qui lui permettent d'exister ainsi au grand jour. Des soutiens qui montrent que l'image d'une classe politique japonaise faisant bloc contre l'ennemi nord-coréen est loin d'être si évidente que cela: «Le Chôsen Sôren est aussi un outil de lobbying qui essaie de développer de bonnes relations avec des responsables politiques, ou des intellectuels qui sont favorables au développement de bonnes relations entre la Corée du Nord et le Japon», explique Sachio Nakato. Qui rappelle que ces établissements ont malgré tout des détracteurs dans un contexte de raidissement des relations internationales: «Ne croyez pas que ces écoles soient totalement acceptées par les Japonais. Les Nord-Coréens restent méfiants et il doivent aussi subir des attaques.»

En 2016, plusieurs gouvernements locaux ont annoncé leur volonté de mettre fin à leur soutien auprès des écoles coréennes, officiellement pour des raisons budgétaires, face à des finances contraintes. Une disposition qui concerne les lycées, ce qui impacterait nécessairement l’université en bout de chaîne. Une partie de la gauche japonaise s’est cependant émue d’autorités qui veulent faire payer à des jeunes ayant grandi au Japon la politique de Pyongyang, dont ils ne sont pas responsables. Une considération diplomatique, qui là encore ne se préoccupe guère de la réalité éducative qui se tient derrière les murs presque infranchissables de l’établissement de Kodaira.

Damien Durand — 

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