Le président de Corée du nord Kim Jong-Un le 13 février 2016. © Korean central news agency (KCNA) |
C’est la dernière frontière gardée farouchement par
le pouvoir nord-coréen : le numérique. Ainsi, l’accès à internet est
limité aux étrangers et à quelques élites triées sur le volet. Quant au
téléphone portable, les appels vers l’étranger sont tout simplement
bloqués. Amnesty International lance une campagne pour dénoncer cette
atteinte à la liberté d’expression.
Pour les Nord-Coréens, il est impossible de contacter les membres de la
famille qui ont fuit le régime. Un droit, qui semble pourtant
inaliénable, celui de dire quelques mots à un proche, leur est interdit.
Du coup, certains habitants se tournent vers les produits made in China,
obtenus en contrebande. Le commerce informel des «portables chinois»
est en pleine expansion. Ces téléphones, et surtout la carte SIM qui va
avec, permettent d’utiliser les réseaux mobiles chinois et de
communiquer avec l’étranger.
Mais gare ! la police veille, prévient Amnesty. Si communiquer par
téléphone vers l’étranger n’est pas en soit illicite, en revanche le
commerce et l’importation d’appareils de communication étrangers sont
interdits. Toute personne qui utilise un «portable chinois» risque
d’être inculpée, et notamment de trahison si elle contacte un
correspondant en Corée du Sud.
Amnesty rapporte le témoignage de Eun-mi, une femme d’une quarantaine d’années qui a fuit en 2014 la Corée du Nord. «Le
Bureau 27 du Département de la Sûreté de l'État a ce dispositif de
surveillance, et les agents tiennent dans leurs mains un appareil en
forme d'antenne avec des lumières rouges qui clignotent. Ils ont dit que
c'était un appareil de détection. Lorsque les agents du Bureau 27 sont
venus m'arrêter, ils ont enlevé leurs manteaux et ils avaient des fils
électriques enroulés autour du corps.»
Pyongyang a développé une capacité technologique de surveillance. Le
pouvoir utilise du matériel de surveillance et de détection, et près de
la frontière avec la Chine, il installe des brouilleurs. Bak-Moon, un
ingénieur, parle de matériel importé qui permet non seulement de
localiser le portable, mais aussi d’entendre les conversations.
Pour le contrevenant, la sanction est sévère. Il sera expédié dans un
centre de «rééducation» ou dans un camp de prisonniers politiques. Pour
éviter la détention, le seul moyen est alors de corrompre les agents de
l’Etat.
Amnesty International appelle le gouvernement nord-coréen à lever toutes
les restrictions à la libre circulation de l’information. Pour cela,
les Nord-Coréens doivent avoir accès, sans censure, à Internet et aux
services internationaux de téléphonie mobile. Et il faut cesser toute
ingérence et surveillance des communications qui s'avère inutile, non
ciblée et dépourvue d’objectif légitime.
Jacques Deveaux
le 09/03/2016 à 10H32
le 09/03/2016 à 10H32
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